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un culte assez simple. S’il était plus chargé d’erreurs que celui des époques tout à fait primordiales de la race blanche, il était moins compliqué cependant que les notions religieuses des purohitas qui commencèrent le travail du brahmanisme. À mesure que la société hindoue gagnait de l’âge et qu’en conséquence le sang noir des aborigènes de l’ouest et du sud et le type jaune de l’est et du nord s’infiltraient davantage dans son sein, les besoins religieux auxquels il fallait répondre variaient et devenaient exigeants. Pour satisfaire l’élément noir, Ninive et l’Égypte nous ont appris déjà les concessions indispensables. C’était le commencement de la mort des nations arianes. Celles-ci avaient continué à être purement abstraites et morales, et bien que l’anthropomorphisme fût peut-être au fond des idées, il ne s’était pas encore manifesté. On disait que les dieux étaient beaux, beaux à la manière des héros arians. On n’avait pas songé à les portraire.

Quand les deux éléments noir et jaune eurent la parole, il fallut changer de système, il fallut que les dieux eux-mêmes sortissent du monde idéal dans lequel les Arians avaient trouvé du plaisir à laisser planer leurs sublimes essences. Quelles que pussent être les différences capitales existant, d’ailleurs, entre le type noir et le type jaune, sans avoir besoin de tenir compte, non plus, de ce fait que ce fut le premier qui parla d’abord et fut toujours écouté, tout ce qui était aborigène se réunit, non seulement pour vouloir voir et toucher les dieux qu’on lui vantait tant, mais aussi pour qu’ils lui apparussent plutôt terribles, farouches, bizarres et différents de l’homme, que beaux, doux, bénins, et ne se plaçant au-dessus de la créature humaine que par la perfection plus grande des formes de celle-ci. Cette doctrine eût été trop métaphysique au sens de la tourbe. Il est bien permis de croire aussi que l’inexpérience primitive des artistes la rendait plus difficile à réaliser. On voulut donc des idoles très laides et d’un aspect épouvantable. Voilà le côté de dépravation.

On a dit quelquefois, pour trouver une explication à ces bizarreries repoussantes des images païennes de l’Inde, de l’Assyrie et de l’Égypte, à ces obscénités hideuses où les imaginations