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mœurs opposées à la fureur théorique de la loi, elle est de tous les temps (1)[1].

J’ajouterai seulement que, de tous les temps aussi, les tchandalas, s’ils eurent quelque chose d’arian dans leur origine, comme on ne peut en douter, n’ont rien eu de plus pressé que de le perdre. Ils ont usé de la vaste latitude de déshonneur où on les abandonnait, pour s’allier et se croiser, sans fin, avec les indigènes. Aussi sont-ils, en général, les plus noirs des Hindous, et quant à leur dégradation morale, à leur lâche perversité, elle n’a pas de limites (2)[2].

L’invention de cette terrible caste eut certainement de grands résultats, et je ne doute pas qu’elle n’ait été assez puissante pour maintenir dans la société hindoue la classification qui en formait la base, et mettre un grand obstacle à la naissance de nouvelles castes, au moins au sein des provinces déjà réunies à l’Aryavarta. Quant à celles qui le furent ensuite, les sources des catégories ne doivent pas non plus être recherchées trop strictement.

Là comme ailleurs, alors comme auparavant, les brahmanes firent ce qu’ils purent. Il leur suffit d’avoir une apparence pour commencer, et de n’établir leurs règles qu’une fois l’organisation assise. Je ne répéterai pas ici ce que j’ai dit pour le Boutan et le Népaul. Ce qui arriva dans ces contrées se produisit dans bien d’autres. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue



(1) Le comte E. de Warren, l’Inde anglaise en 1843. — Dans les époques antiques, on a vu déjà des hommes qui, sans être de la caste guerrière, pouvaient devenir souverains. Le plus ancien empire établi dans le sud fut celui du Pândja, dont Madhûra était la capitale. Il avait été fondé par un vayçia venu du nord, postérieurement à l’époque des guerres de Rama. (Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 536.)

(2) C’est à ce dernier trait que les brahmanes prétendent reconnaître surtout les castes impures : « Him, who was born of a sinful mother, and consequently in a low class, but is not openly known, who, though worthless in truth, bears the semblance of a worthy man, let people discover by his acts. — Want of virtuous dignity, harshness of speech, cruelty, and habitual neglect of prescribed duties, betray in this world the son of a criminal mother. » (Manava-Dharma-Sastra, chap. X, §§ 57 et 58.)


  1. (1) Le comte E. de Warren, l’Inde anglaise en 1843. — Dans les époques antiques, on a vu déjà des hommes qui, sans être de la caste guerrière, pouvaient devenir souverains. Le plus ancien empire établi dans le sud fut celui du Pândja, dont Madhûra était la capitale. Il avait été fondé par un vayçia venu du nord, postérieurement à l’époque des guerres de Rama. (Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 536.)
  2. (2) C’est à ce dernier trait que les brahmanes prétendent reconnaître surtout les castes impures : « Him, who was born of a sinful mother, and consequently in a low class, but is not openly known, who, though worthless in truth, bears the semblance of a worthy man, let people discover by his acts. — Want of virtuous dignity, harshness of speech, cruelty, and habitual neglect of prescribed duties, betray in this world the son of a criminal mother. » (Manava-Dharma-Sastra, chap. X, §§ 57 et 58.)