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et sous les greffes perpétuelles que ces ramifications supplémentaires ont causées à leur tour. D’une brahmani et d’un kschattrya nous avons vu naître les bardes-écuyers ; d’une brahmani et d’un vayçia sortirent les ambastas, qui prirent le monopole de la médecine, et ainsi de suite. Quant aux noms imposés à ces subdivisions, les uns indiquent les fonctions spéciales qu’on leur attribuait, les autres sont simplement des dénominations de peuples indigènes étendues à des catégories qui, sans doute, avaient mérité de les prendre, en se mêlant à leurs véritables propriétaires (1)[1].

Cet ordre apparent, tout ingénieux qu’il fût, devenait, en définitive, du désordre, et bien que les compromis dont il résultait eussent été inséparables des débuts du système, il n’était pas douteux que, si l’on voulait empêcher le système lui-même de périr sous l’exubérance de ces concessions néfastes, il ne fallait pas louvoyer plus longtemps, et qu’un remède vigoureux devait, quoi qu’il pût arriver, cautériser au plus vite la plaie ouverte aux flancs de l’état social. Ce fut d’après ce principe que le brahmanisme inventa la catégorie des tchandalas, qui vint compléter d’une manière terrible la hiérarchie des castes impures.

Les dénominations insultantes et les rigueurs n’avaient pas été ménagées aux Arians réfractaires ni aux aborigènes insoumis. Mais on peut dire que l’expulsion, et même la mort, furent peu de chose auprès de la condition immonde à laquelle les quatre castes légales eurent à savoir que seraient désormais condamnés les malheureux issus de leurs mélanges par des hymens défendus. L’approche de ces tristes êtres fut à elle



(1) La loi cherchait cependant à retenir, tout en cédant ; ainsi elle n’est à peu près clémente que pour les unions contractées entre les castes rapprochées l’une de l’autre, et voici ce qu’elle dit, par exemple, du produit d’un guerrier avec une femme de la classe servile : « From a Kshatrya with a wife of the Sudra class, springs a creature, called Ugra, with a nature partly warlike and partly servile, ferocious in his manners, cruel in his acts. » (Manava-Dharma-Sastra, chap. X, § 9.) — Ce passage suffirait seul à prouver l’importance que les brahmanes apportaient à conserver le sang arian en vue des qualité morales qu’ils lui reconnaissaient.

  1. (1) La loi cherchait cependant à retenir, tout en cédant ; ainsi elle n’est à peu près clémente que pour les unions contractées entre les castes rapprochées l’une de l’autre, et voici ce qu’elle dit, par exemple, du produit d’un guerrier avec une femme de la classe servile : « From a Kshatrya with a wife of the Sudra class, springs a creature, called Ugra, with a nature partly warlike and partly servile, ferocious in his manners, cruel in his acts. » (Manava-Dharma-Sastra, chap. X, § 9.) — Ce passage suffirait seul à prouver l’importance que les brahmanes apportaient à conserver le sang arian en vue des qualité morales qu’ils lui reconnaissaient.