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de courir et d’atteindre même les brahmanes (1)[1]. Il est incontestable que ce reproche est fondé, et l’on en peut donner des preuves éclatantes. Ainsi, dans les temps épiques, Lomâpâda, le roi indigène des Angas convertis, épouse Çanta, fille du roi arian d’Ayodhya (2)[2]. Ainsi encore, au XVIIIe siècle, lors des colonisations hindoues opérées chez les peuples jaunes, à l’est de la Kali, dans le Népaul et le Boutan, on a vu les brahmanes se mêler aux filles du pays et installer leur progéniture métisse comme caste militaire (3)[3].

Procédant de cette manière, au nom de leur principe ; rendant ce principe indispensable à l’organisation sociale, cependant le faisant plier, malheureusement pour l’avenir, très judicieusement pour le présent, devant les difficultés trop grandes, les ascètes brahmaniques formaient une corporation d’autant plus nombreuse que la vie de ses membres était généralement sobre et toujours éloignée des travaux de la guerre. Leur système s’implantait profondément dans la société qui leur devait la vie. Tout se présentait bien : seulement, si grands que fussent les obstacles déjà surmontés, il en allait surgir de plus redoutables encore.

Les kschattryas s’apercevaient que si, dans cette organisation sociale, le rôle le plus brillant leur était assigné, la puissance que leur laissait le sacerdoce avait plus de fleurs que de fruits. À peu près réduits à la situation de satellites effacés, il leur devenait difficile d’avoir une idée, une volonté, un plan



(1) « Of two telingas bramines, who came from the vicinity of Hyderabad, one was derived of intermixture with the white race. This man stated that his cast intermarried with the bramins of the Dekkan ; but not with those of Bengal or Guzerat. All the Mahrattas bramins I meet with appeared to be of unmixed white descent ; but one of them said that the telinga bramins were highly respected, while the Pendjaub, Guzerat, Cutche and Cashmere bramins were regarded as impure. » (Pickering, p. 181.)

(2) De même aux termes du Ramayana, une des femmes du roi héroïque Dasaratha appartient à la nation kêkaya. Ce peuple, à la vérité, était arian ; mais habitant au delà de la Sarasvati, hors des limites du territoire sacré, il était considéré comme réfractaire ou vratya.

(3) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 443 et 449.


  1. (1) « Of two telingas bramines, who came from the vicinity of Hyderabad, one was derived of intermixture with the white race. This man stated that his cast intermarried with the bramins of the Dekkan ; but not with those of Bengal or Guzerat. All the Mahrattas bramins I meet with appeared to be of unmixed white descent ; but one of them said that the telinga bramins were highly respected, while the Pendjaub, Guzerat, Cutche and Cashmere bramins were regarded as impure. » (Pickering, p. 181.)
  2. (2) De même aux termes du Ramayana, une des femmes du roi héroïque Dasaratha appartient à la nation kêkaya. Ce peuple, à la vérité, était arian ; mais habitant au delà de la Sarasvati, hors des limites du territoire sacré, il était considéré comme réfractaire ou vratya.
  3. (3) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 443 et 449.