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riverains de l’Indus, c’est-à-dire celles-là mêmes qui, aux yeux de l’antiquité grecque ou romaine, représentaient les populations de l’Inde (1)[1]. Au-dessous de ces peuplades dédaignées, il y en avait un très grand nombre d’impures, puis venaient les aborigènes (2)[2].

Ainsi, pour les brahmanes, terribles logiciens, l’humanité



(1) « Quant aux Pandits (Cachemyriens), tous bramines de caste, ils sont d’une ignorance grossière, et il n’y a pas un de nos serviteurs hindous qui ne se regarde comme de meilleure caste qu’eux. Ils mangent de tout, excepté du bœuf, et boivent de l’arak ; il n’y a dans l’Inde que les gens des castes infâmes qui le fassent. » (Correspondance de V. Jacquemont. — Lettre du 22 avril 1831.)

(2) Les populations attaquées par Alexandre étaient à demi arianes, mais considérées comme vratyas par les vrais Hindous. Tels étaient les Mali (Malavas) et les sujets de Porus (Pourou). Les Malavas étaient comptés au nombre des Bahlikas, avec les Ksudrakas (Oxydraques). Leurs brahmanes étaient considérés comme peu réguliers, et le Manava-Dharma-Sastra les accuse de négliger l’enseignement religieux. — Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 197 ; A. W. V. Schlegel, Indische Bibliothek, t. I, p. 169 et pass. — Si les Grecs ne connaissaient les Hindous que par approximation, ceux-ci n’étaient pas moins ignorants à leur égard. Dans les temps les plus anciens, les hommes d’au delà du Sindh avaient appelé les populations de l’ouest, Chamites et Sémites, avec lesquelles ils avaient des relations commerciales, Javana, mot très difficile à expliquer, car s’il paraît désigner généralement des nations occidentales, il s’applique aussi à des tribus du nord, voire même du sud. Jawa signifie courir, faire invasion. (W. de Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 65 et pass. ; Burnouf, Nouveau journal asiatique, t. X, p. 238.) Plus tard, Javana désigna particulièrement les Arabes. La Bible, s’emparant de cette expression, l’applique aux habitants sémites de Chypre et de Rhodes, et même aux Turdétains d’Espagne, et les nomme Javanim. (Movers, das Phœnizische Alterthum., t. II, 1re partie, p. 270.) Enfin on trouve, dans une inscription de Darius, Jouna devenu la dénomination des Grecs insulaires, et, comme l’usage de ce mot chez les Hellènes est postérieur à Homère, il est à croire que les colons de la côte l’ont reçu des Perses, et, après l’avoir adopté pour eux-mêmes, l’ont transmis aux populations continentales. (Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 730.) Ce n’est que très tard que les Hindous ont sciemment reconnu les Grecs dans les Javanas et l’époque n’en est pas antérieure au Ve siècle avant notre ère. Le Mahabharata, dans ses derniers livres, dénomme ainsi les Macédoniens-Bactriens, et les vante comme faisant partie d’un peuple brave et savant. (Lassen, ibid., p. 862, et Zeitschrift für d. K. des Morgenl., t. III, p. 215.)


  1. (1) « Quant aux Pandits (Cachemyriens), tous bramines de caste, ils sont d’une ignorance grossière, et il n’y a pas un de nos serviteurs hindous qui ne se regarde comme de meilleure caste qu’eux. Ils mangent de tout, excepté du bœuf, et boivent de l’arak ; il n’y a dans l’Inde que les gens des castes infâmes qui le fassent. » (Correspondance de V. Jacquemont. — Lettre du 22 avril 1831.)
  2. (2) Les populations attaquées par Alexandre étaient à demi arianes, mais considérées comme vratyas par les vrais Hindous. Tels étaient les Mali (Malavas) et les sujets de Porus (Pourou). Les Malavas étaient comptés au nombre des Bahlikas, avec les Ksudrakas (Oxydraques). Leurs brahmanes étaient considérés comme peu réguliers, et le Manava-Dharma-Sastra les accuse de négliger l’enseignement religieux. — Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 197 ; A. W. V. Schlegel, Indische Bibliothek, t. I, p. 169 et pass. — Si les Grecs ne connaissaient les Hindous que par approximation, ceux-ci n’étaient pas moins ignorants à leur égard. Dans les temps les plus anciens, les hommes d’au delà du Sindh avaient appelé les populations de l’ouest, Chamites et Sémites, avec lesquelles ils avaient des relations commerciales, Javana, mot très difficile à expliquer, car s’il paraît désigner généralement des nations occidentales, il s’applique aussi à des tribus du nord, voire même du sud. Jawa signifie courir, faire invasion. (W. de Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 65 et pass. ; Burnouf, Nouveau journal asiatique, t. X, p. 238.) Plus tard, Javana désigna particulièrement les Arabes. La Bible, s’emparant de cette expression, l’applique aux habitants sémites de Chypre et de Rhodes, et même aux Turdétains d’Espagne, et les nomme Javanim. (Movers, das Phœnizische Alterthum., t. II, 1re partie, p. 270.) Enfin on trouve, dans une inscription de Darius, Jouna devenu la dénomination des Grecs insulaires, et, comme l’usage de ce mot chez les Hellènes est postérieur à Homère, il est à croire que les colons de la côte l’ont reçu des Perses, et, après l’avoir adopté pour eux-mêmes, l’ont transmis aux populations continentales. (Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 730.) Ce n’est que très tard que les Hindous ont sciemment reconnu les Grecs dans les Javanas et l’époque n’en est pas antérieure au Ve siècle avant notre ère. Le Mahabharata, dans ses derniers livres, dénomme ainsi les Macédoniens-Bactriens, et les vante comme faisant partie d’un peuple brave et savant. (Lassen, ibid., p. 862, et Zeitschrift für d. K. des Morgenl., t. III, p. 215.)