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Zeretoschtro, fut le promoteur ; car les dissidents ne conservèrent pas plus que les Hindous l’ancien culte arian. Ils prétendaient peut-être le ramener à une formule plus exacte. Tout porte, en effet, dans le magisme un caractère protestant, et c’est là que se voit la colère contre le brahmanisme (1)[1]. Dans le langage sacré des nations zoroastriennes, le Dieu des Hindous, le Deva, devint le Diw, le mauvais esprit (2)[2], et le mot maaniou reçut la signification de céleste quand sa racine, pour les nations brahmaniques, conservait celle de fureur et de haine (3)[3]. Ce serait ici le cas d’appliquer le 101e vers du premier livre de Lucrèce.

La séparation eut donc lieu, et les deux peuples, poursuivant leur vie à part, n’eurent plus de rapports que l’arc à la main. Néanmoins, tout en se rendant, sans mesure, aversion pour aversion, insulte pour insulte, ils se souvinrent toujours de leur origine commune et ne renièrent pas leur parenté.

Je noterai ici, en passant, que ce fut, selon toute vraisemblance, à peu de temps de cette séparation, que commença à se former le dialecte prâcrit et que la langue ariane proprement dite, si jamais elle exista sous une forme plus concrète qu’un faisceau de dialectes, acheva de disparaître. Le sanscrit domina longtemps encore à l’état d’idiome parlé et préexcellent, ce qui n’empêcha pas les dérivations de se multiplier et de tendre à refouler, à la longue, la langue sainte dans le mutisme éloquent des livres.

Heureux les brahmanes, si le départ des nations zoroastriennes avait pu les délivrer de toute opposition ! Mais ils n’avaient encore lutté qu’avec un seul ennemi, et beaucoup d’opposants devaient s’efforcer de briser leur œuvre. Ils n’avaient expérimenté qu’une seule forme de protestation : d’autres plus redoutables allaient se révéler.



(1) Il y a dans le Zend-Avesta des restes de croyances brahmaniques qui ne se retrouvent pas dans la croyance actuelle des Parsis. Burnouf, Comment. sur le Yaçna, t. I, p. 342.

(2) Le nom d’Indra est également donné par les Zoroastriens à un mauvais génie. — Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 516.

(3) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 525.


  1. (1) Il y a dans le Zend-Avesta des restes de croyances brahmaniques qui ne se retrouvent pas dans la croyance actuelle des Parsis. Burnouf, Comment. sur le Yaçna, t. I, p. 342.
  2. (2) Le nom d’Indra est également donné par les Zoroastriens à un mauvais génie. — Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 516.
  3. (3) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 525.