Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour voir le système à l’œuvre, rentrons dans le domaine de l’histoire.

La puissance des purohitas s’était établie sur deux fortes colonnes : la piété intelligente de la race ariane, d’une part ; de l’autre, le dévouement, moins noble mais plus fanatique, des métis et des aborigènes soumis. Cette puissance reposait sur les vayçias, toujours enclins à chercher un appui contre la prépondérance des guerriers, et sur les çoudras, pénétrés d’un sentiment nègre de terreur et d’admiration superstitieuse pour des hommes honorés de communications journalières avec la Divinité. Sans ce double appui, les purohitas n’auraient pu raisonnablement songer à attaquer l’esprit d’indépendance si cher à leur race, ou, l’ayant osé, n’auraient pas réussi. Se sachant soutenus, ils furent audacieux. Tout aussitôt, comme ils devaient s’y attendre, une vive résistance éclata dans une fraction nombreuse des Arians. Ce fut certainement à la suite des combats et des grands désastres amenés par cette nouveauté religieuse que les nations zoroastriennes, faisant scission avec la famille hindoue, sortirent du Pendjab et des contrées avoisinantes, et s’éloignèrent vers l’ouest, rompant à jamais avec des frères dont l’organisation politique ne leur convenait plus. Si l’on s’enquiert des causes de cette scission, si l’on demande pourquoi ce qui agréait aux uns écartait les autres, la réponse sans doute est difficile. Cependant je doute peu que les Zoroastriens, étant restés plus au nord et à l’arrière-garde des Arians hindous, n’aient conservé, avec une plus grande pureté ethnique, de bonnes raisons de se refuser à l’établissement d’une hiérarchie de naissance, factice à leur point de vue, et, donc, sans utilité, sans popularité chez eux. S’ils n’avaient pas dans leurs rangs des çoudras noirs, ni de vayçias câpres, ni de kschattryas mulâtres ; s’ils étaient tous blancs, tous forts, tous égaux, aucun motif raisonnable n’existait pour qu’ils acceptassent, à la tête du corps social, des brahmanes moralement souverains. Il est, dans tous les cas, certain que le nouveau système leur inspira une aversion qui ne se dissimulait point. On trouve les traces de cette haine dans la réforme dont un très ancien Zoroastre, Zerduscht ou