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déjà assisté à ce spectacle. Laissons les émigrants continuer leur voyage. On sait dans quels illustres lieux ce récit les retrouvera.

Après cette séparation, deux groupes considérables forment encore la famille ariane, les nations hindoues et les Zoroastriens. Gagnant du terrain et se considérant comme un seul peuple, ces tribus arrivèrent à la contrée du Pendjab. Elles s’y établirent dans les pâturages arrosés par le Sindh, ses cinq affluents et un septième cours d’eau difficile à reconnaître, mais qui est ou la Yamouna ou la Sarasvati (1)[1]. Ce vaste paysage et ses beautés étaient restés profondément gravés dans la mémoire des Zoroastriens Iraniens longtemps après qu’ils l’avaient quitté pour ne plus le revoir. Le Pendjab était, à leur sens, l’Inde entière : ils n’en avaient pas vu davantage. Leurs connaissances sur ce point dirigèrent celles de toutes les nations occidentales, et le Zend-Avesta, se réglant plus tard sur ce que les ancêtres avaient raconté, donnait à l’Inde la qualification de septuple.

Cette région, objet de tant de souvenirs, fut ainsi témoin du nouveau dédoublement de la famille ariane, et les clartés déjà plus vives de l’histoire (2)[2] permettent de démêler assez bien les circonstances du débat qui en fut l’origine. Je vais raconter la plus ancienne des guerres de religion.

Le genre de piété particulier à la race blanche se révèle d’autant mieux dans sa portée raisonnante, qu’on est en situation de le mieux examiner. Après en avoir constaté des lueurs pâles, mais bien reconnaissables, chez les descendants métis des Chamites, après en avoir retrouvé de précieux fragments



(1) Lassen, Zeitschrift der Deutsch. Morgenl. Gesellschaft, t. II, p. 200.

(2) C’est ici que commence véritablement l’existence des peuples hindous. La philologie va les chercher avec raison dans leur berceau ethnique, au delà des montagnes du nord ; mais leurs annales, mal instruites, les déclarent autochtones. Il est à croire que, dans les temps védiques, le brahmanisme n’avait pas encore imité les Chananéens, les Grecs et les peuplades d’Italie, en admettant comme sienne la tradition de la race inférieure qu’il avait subjuguée. — Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 511.

  1. (1) Lassen, Zeitschrift der Deutsch. Morgenl. Gesellschaft, t. II, p. 200.
  2. (2) C’est ici que commence véritablement l’existence des peuples hindous. La philologie va les chercher avec raison dans leur berceau ethnique, au delà des montagnes du nord ; mais leurs annales, mal instruites, les déclarent autochtones. Il est à croire que, dans les temps védiques, le brahmanisme n’avait pas encore imité les Chananéens, les Grecs et les peuplades d’Italie, en admettant comme sienne la tradition de la race inférieure qu’il avait subjuguée. — Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 511.