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Également simple se montrait, à cette époque reculée, l’organisation du Panthéon. Quelque peu de dieux présidés par Indra dirigeaient plutôt qu’ils ne dominaient le monde (1)[1]. Les fiers Arians avaient mis le ciel en république.

Cependant ces dieux qui avaient l’honneur de dominer sur des hommes si hautains leur devaient certainement d’être dignes d’hommages. Contrairement à ce qui arriva plus tard dans l’Inde, et tout à fait en accord avec ce qu’on vit dans la Perse, et surtout dans la Grèce, ces dieux furent d’une irréprochable beauté (2)[2]. Le peuple arian voulut les avoir à son image. Comme il ne connaissait rien de supérieur à lui sur la terre, il prétendit que rien ne fût autrement parfait que lui dans le ciel ; mais il fallait aux êtres surhumains qui conduisaient le monde une prérogative distincte. L’Arian la choisit dans ce qui est encore plus beau que la forme humaine à sa perfection, dans la source de la beauté et qui semble aussi l’être de la vie : il la choisit dans la lumière et dériva le nom des êtres suprêmes de la racine dou, qui veut dire éclairer ; il leur créa donc une nature lumineuse (3)[3]. L’idée parut bonne à toute la race, et la racine choisie porta partout une majestueuse unité dans les idées religieuses des peuples blancs. Ce fut le Dévas des Hindous ; le Ζεύς, le Θεός des Hellènes ; le Diewas des Lithuaniens, le Duz gallique (4)[4] ; le Dia des Celtes d’Irlande ; le Tyr de l’Edda ; le Zio du haut-allemand ; la Dewana slave ; la Diana latine. Partout enfin où pénétra




lien de l’Existence. » — Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 774. C’est plus profond et plus vigoureusement analysé que le langage d’Hésiode et que les chants celtiques ; mais ce n’est pas différent.

(1) Un dieu antérieur à Indra paraît avoir été Vourounas, ou Vouranas ; il est devenu, depuis, chez les Hindous primitifs, Varouna, et chez les plus anciens Grecs, Ouranos ; « c’est physiquement le ciel qui couvre la terre. » — Eckstein, Recherches historiques sur l’humanité primitive, p. 1-2.

(2) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 771.

(3) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 755. — Un autre étymologiste fait dériver le mot dou de dhâ, poser, créer. (Windischmann, Jenaïsche Litteratur-Zeitung, juillet 1834, cité par Burnouf, Comment. sur le Yaçna, t. I, p. 357.)

(4) Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 58.


  1. (1) Un dieu antérieur à Indra paraît avoir été Vourounas, ou Vouranas ; il est devenu, depuis, chez les Hindous primitifs, Varouna, et chez les plus anciens Grecs, Ouranos ; « c’est physiquement le ciel qui couvre la terre. » — Eckstein, Recherches historiques sur l’humanité primitive, p. 1-2.
  2. (2) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 771.
  3. (3) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 755. — Un autre étymologiste fait dériver le mot dou de dhâ, poser, créer. (Windischmann, Jenaïsche Litteratur-Zeitung, juillet 1834, cité par Burnouf, Comment. sur le Yaçna, t. I, p. 357.)
  4. (4) Schaffarik, Slawische Alterth., t. I, p. 58.