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mélangées, on ne peut se montrer surpris d’y voir des exigences un peu anormales, telles que la couleur d’or souhaitée pour la peau du corps et les sourcils réunis. Quant au teint blanc, aux bras longs, au front large, à la tête ronde, au nez proéminent, ce sont autant de traits qui révèlent la présence de l’espèce blanche et qui, ayant continué à être caractéristiques des hautes castes, autorisent à penser que la race ariane, dans son ensemble, les possédait également.

Cette variété humaine, ainsi entourée d’une suprême beauté de corps, n’était pas moins supérieure d’esprit (1)[1]. Elle avait à dépenser une somme inépuisable de vivacité et d’énergie, et la nature du gouvernement qu’elle s’était donné coïncide parfaitement avec les besoins d’un naturel si actif.

Les Arians, divisés en tribus ou petits peuples concentrés dans de grands villages (2)[2], mettaient, à leur tête, des chefs dont le pouvoir très limité n’avait rien de commun avec l’omnipotence absolue exercée par les souverains chez les peuples noirs ou chez les nations jaunes (3)[3]. Le nom sanscrit le plus ancien pour rendre l’idée d’un roi, d’un directeur de la communauté politique, c’est viç pati ; le zend viç païtis l’a parfaitement conservé, et le lithuanien wiespati indique aujourd’hui encore un seigneur terrien (4)[4]. La signification en est tout entière dans le Ποιμὴν λαῶν si fréquent chez Homère et Hésiode, et, comme la monarchie grecque de l’époque héroïque, tout à fait conforme à celle des Iraniens avant Cyrus, ne montre, dans les souverains, qu’une autorité des plus limitées ; comme les épopées du Ramayana et du Mahabharata ne



(1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 854.

(2) Ces villages étaient appelés pour chez les Hindous, πόλις chez les Grecs.

(3) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 807.

(4) On suit très bien, dans les langues arianes, les deux parties de ce mot composé : viç, qui signifie maison, devient, par extension, une collection de maisons, et se retrouve dans le vicus latin et son dérivé ci-vis, l’habitant du vicus. Pati, le chef, en sanscrit, c’est dans l’arménien bod, dans le slave pod, dans le letton patin, dans le polonais pan, dans le gothique faths. (Burnouf, Comment. sur le Yaçna, t. I, p. 461 ; Schaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 283.)

  1. (1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 854.
  2. (2) Ces villages étaient appelés pour chez les Hindous, πόλις chez les Grecs.
  3. (3) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 807.
  4. (4) On suit très bien, dans les langues arianes, les deux parties de ce mot composé : viç, qui signifie maison, devient, par extension, une collection de maisons, et se retrouve dans le vicus latin et son dérivé ci-vis, l’habitant du vicus. Pati, le chef, en sanscrit, c’est dans l’arménien bod, dans le slave pod, dans le letton patin, dans le polonais pan, dans le gothique faths. (Burnouf, Comment. sur le Yaçna, t. I, p. 461 ; Schaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 283.)