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souche qui, même dégénérée de sa beauté primordiale, fournissait des types comme ceux des Kachemyriens actuels et comme la plupart des Brahmanes du nord, comme ceux dont la représentation a été figurée sous les premiers successeurs de Cyrus, dans les constructions de Nakschi-Roustam et de Persépolis ; enfin, que les hommes dont l’aspect physique a inspiré les sculpteurs de l’Apollon Pythien, du Jupiter d’Athènes, de la Vénus de Milo, formaient la plus belle espèce d’hommes dont la vue ait pu réjouir les astres et la terre.

La carnation des Arians était blanche et rosée : tels apparurent les plus anciens Grecs et les Perses ; tels se montrèrent aussi les Hindous primitifs. Parmi les couleurs des cheveux et de la barbe, le blond dominait, et l’on ne peut oublier la prédilection que lui portaient les Hellènes : ils ne se figuraient pas autrement leurs plus nobles divinités. Tous les critiques ont vu, dans ce caprice d’une époque où les cheveux blonds étaient devenus bien rares à Athènes et sur les quais de l’Eurotas, un ressouvenir des âges primitifs de la race hellénique. Aujourd’hui encore, cette nuance n’est pas absolument perdue dans l’Inde, et notamment au nord, c’est-à-dire dans la partie où la race ariane a le mieux conservé et renouvelé sa pureté. Dans le Kattiwar, on trouve fréquemment des cheveux rougeâtres et des yeux bleus.

L’idée de la beauté est restée pour les Hindous attachée à celle de la blancheur, et rien ne le prouve mieux que les descriptions d’enfants prédestinés, si fréquentes dans les légendes bouddhiques (1)[1]. Ces pieux récits montrent la divine créature, aux premiers jours de son berceau, avec le teint blanc, la peau de couleur d’or. Sa tête doit avoir la forme d’un parasol (c’est-à-dire, être ronde et éloignée de la configuration pyramidale chez les noirs). Ses bras sont longs, son front large, ses sourcils réunis, son nez proéminent.

Comme cette description, postérieure au VIIe siècle av. J.-C., s’applique à une race dont les meilleures branches étaient assez

  1. (1)Burnouf, Introduction à l’histoire du bouddhisme indien, t. I, p. 237, 314.