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Vyndhia et le Dekkhan (1)[1], se sont jetés au milieu des gorges alpestres, asile sûr, puisqu’ils y conservent leur individualité depuis des séries d’années incalculables.

Avant de mettre le pied plus avant sur le sol de l’Inde, saisissons tout l’ensemble de la famille ariane primitive, à ce moment où son mouvement de marche vers le sud est déjà prononcé, mais où, toutefois, si elle a commencé à envahir la vallée de Kachemyr par ses têtes de colonnes, le gros de ses nations n’a pas encore dépassé la Sogdiane.

Déjà les Arians sont détachés des nations celtiques, acheminées vers le nord-ouest et contournant la mer Caspienne par le haut ; tandis que les Slaves, très peu différents de ce dernier et vaste amas de peuples, suivent vers l’Europe une route plus septentrionale encore.

Les Arians donc, longtemps avant d’arriver dans l’Inde, n’avaient plus rien de commun avec les nations qui allaient devenir européennes. Ils formaient une immense multitude tout à fait distincte du reste de l’espèce blanche, et qui a besoin d’être désignée, ainsi que je le fais, par un nom spécial. Par malheur, des savants de premier ordre n’ont pas apprécié cette nécessité. Absorbés par la philologie, ils ont donné un peu légèrement, à l’ensemble des langues de la race, le nom fort inexact d’indo-germanique, sans s’arrêter à cette considération, pourtant très sérieuse, que, de tous les peuples qui possèdent ces idiomes, un seul est allé dans l’Inde, tandis que les autres n’en ont jamais approché. Le besoin, d’ailleurs impérieux, des classifications a été de tout temps la source principale des erreurs scientifiques. Les langues de la race blanche ne sont pas plus hindoues que celtiques (2)[2], et



(1) D’après Ritter, les peuples sanscrits ont repoussé jusqu’à Lanka (Ceylan) les nègres et les métis jaunes et noirs (Malais), qui s’étendaient primitivement dans le nord. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 435.)

(2) Si l’on voulait absolument appliquer aux groupes de langues des noms de nations, il serait plus raisonnable pourtant de qualifier le rameau arian d’hindou-celtique. On aurait du moins ainsi la désignation des deux extrêmes géographiques, et on indiquerait les deux faces les plus différentes du système ; mais, pour mille causes, cette dénomination serait encore détestable.

  1. (1) D’après Ritter, les peuples sanscrits ont repoussé jusqu’à Lanka (Ceylan) les nègres et les métis jaunes et noirs (Malais), qui s’étendaient primitivement dans le nord. (Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 435.)
  2. (2) Si l’on voulait absolument appliquer aux groupes de langues des noms de nations, il serait plus raisonnable pourtant de qualifier le rameau arian d’hindou-celtique. On aurait du moins ainsi la désignation des deux extrêmes géographiques, et on indiquerait les deux faces les plus différentes du système ; mais, pour mille causes, cette dénomination serait encore détestable.