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n’ont qu’entrevues, elle s’est trouvée en contact intime avec les hordes jaunes. L’étude de ces rapports et de leurs résultats est de première importance. Nous verrons, avec ce secours, si la supériorité de la race blanche pourra s’établir vis-à-vis des Mongols comme vis-à-vis des noirs, dans quelle mesure l’histoire la démontre, et par suite l’état respectif des deux races inférieures et de leurs dérivées.

Il est difficile de trouver des synchronismes entre les émigrations primordiales des Chamites et celles des Arians ; il ne l’est pas moins de se soustraire au besoin d’en chercher. La descente des Hindous dans le Pendjab est un fait si reculé au delà de toutes les limites de l’histoire positive, la philologie lui assigne une date si ancienne, que cet événement paraît toucher aux époques antérieures à l’an 4000 avant J.-C. Chamites et Arians auraient ainsi quitté, à peu près à la même heure et sous le coup des mêmes nécessités, les demeures primordiales de la famille blanche, pour descendre dans le sud, les uns vers l’ouest, les autres vers l’orient.

Les Arians, plus heureux que les Chamites, ont gardé, pendant une longue série de siècles, avec leur langue nationale, annexe sacrée de l’idiome blanc primitif, un type physique qui ne les exposa pas, tant il resta particulier, à être confondus parmi les populations noires. Pour expliquer ce double phénomène, il faut admettre que, devant leurs pas, les races aborigènes se retiraient, dispersées ou détruites par des incursions d’avant-garde, ou bien qu’elles étaient très clairsemées dans les vallées hautes du Kachemyr, premier pays hindou envahi par les conquérants. Du reste, il n’y a pas à douter que la population première de ces contrées n’appartînt au type noir (1)[1]. Les tribus mélaniennes que l’on rencontre encore aujourd’hui dans le Kamaoun en portent témoignage. Elles sont formées des descendants des fugitifs qui, n’ayant pas suivi leurs congénères lors du grand reflux vers les monts



(1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 853 ; voir la note 1 p. 229 de ce volume. L’Himalaya contient de nombreux débris de populations noires ou mulâtres qui sont certainement aborigènes.

  1. (1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 853 ; voir la note 1 p. 229 de ce volume. L’Himalaya contient de nombreux débris de populations noires ou mulâtres qui sont certainement aborigènes.