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vais me voir forcé, dans un sujet très grave, d’imiter la méthode des poètes chevaleresques, de passer des bords de l’Euphrate et du Nil aux montagnes de la Médie et de la Perse, et de m’enfoncer dans les steppes de la haute Asie, pour y quérir les nouveaux peuples qui vont transfigurer le monde politique et les civilisations, je ne puis tarder davantage à préciser et à définir les causes de la ressemblance générale de l’Égypte et de l’Assyrie.

Les groupes blancs qui avaient créé la civilisation dans l’une et dans l’autre n’appartenaient pas à une même variété de l’espèce, sans quoi il serait impossible d’expliquer leurs différences profondes. En dehors de l’esprit civilisateur qu’ils possédaient également, des traits particuliers les marquaient, et imprimèrent comme un cachet de propriété sur leurs créations respectives. Les fonds, étant également noirs, ne pouvaient amener de dissemblances ; et quand bien même on voudrait trouver des diversités entre leurs populations mélaniennes, en ne découvrant que des noirs à cheveux plats dans les pays assyriens, des nègres à chevelure crépue en Égypte, outre que rien n’autorise cette supposition, rien n’a jamais indiqué non plus qu’entre les rameaux de la race noire les différences ethniques impliquent une plus ou moins grande dose d’aptitude civilisatrice. Loin de là, partout où l’on étudie les effets des mélanges, on s’aperçoit qu’un fond noir, malgré les variétés qu’il peut présenter, crée les similitudes entre les sociétés en ne leur fournissant que ces aptitudes négatives bien évidemment étrangères aux facultés de l’espèce blanche. Force est donc d’admettre, devant la nullité civilisatrice des noirs, que la source des différences réside dans la race blanche ; que, par conséquent, il y a entre les blancs des variétés ; et si nous en envisageons maintenant le premier exemple dans l’Assyrie et en Égypte, à voir l’esprit plus régularisateur, plus doux, plus pacifique, plus positif surtout, du faible rameau arian établi dans la vallée du Nil, nous sommes enclins à donner à l’ensemble de la famille une véritable supériorité sur les branches de Cham et de Sem. Plus l’histoire déroulera ses pages, plus nous serons confirmés dans cette première impression.