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allégations trop vagues ; elles font courir trop loin les vainqueurs et leur livrent trop de terres pour ne pas éveiller la méfiance[1].

Puis elles se heurtent contre une très grave difficulté : l’ignorance complète où l’on trouve les prétendus vaincus de leur malheur. Je ne vois, à l’exception de quelques petits États

    les prétendues expansions de la puissance égyptienne du côté de l’Asie. Voici en quels termes il s’exprime : « Il nous paraît hasardé de déclarer asiatiques les noms des peuples indiqués sur ces monuments (le tombeau de Neropt à Beni-Hassan) comme septentrionaux, toutes les fois que des contrées connues, telles que le Chanana et le Naharaïm (Chanaan et la Mésopotamie) ne sont pas indiquées, et de prétendre chercher parmi ces noms de nouvelles listes de nations, dans l’Iran et le Touran. Est-ce donc le sud que la Libye septentrionale, la Cyrénaique, la Syrtique, la Numidie, la Gétulie, en un mot, toute la côte nord de l’Afrique ? Est-ce même un pays de nègres (nahao) ? Ou bien les Égyptiens n’avaient-ils à penser qu’aux pays septentrionaux de l’Asie, à la Palestine, à la Syrie, où ils ne pouvaient exécuter que des courses ? En revanche, ils se seraient tenus isolés de tout contact avec les pays du nord de l’Afrique ! » (Ægypten’s Stelle in der Welt-Geschichte, t. II, p. 311.)

  1. Deux causes me paraissent surtout induire les égyptologues à céder à leur enthousiaste admiration pour le peuple illustre dont ils étudient l’histoire et dont un penchant bien naturel les porte à exagérer les mérites. L’une, c’est l’expression peuples septentrionaux, inscrite dans les hiéroglyphes commémoratifs des expéditions guerrières et qui reporte aisément la pensée vers le nord-est ; l’autre, c’est la rencontre de certaines appellations ethniques ou géographiques que l’on trouve moyen de rapprocher des noms de plusieurs peuples asiatiques connus. Il est tout simple, sans doute, que lorsque les monuments parlent du Kanana, du Lemanon et d’Ascalon, on reconnaisse des contrées du littoral de Syrie. (Wilkinson, t. I, p. 386.) Mais lorsque, dans les Kheta, on veut reconnaître les Gètes, c’est absolument comme si dans les Gallas d’Abyssinie on prétendait retrouver des Gallas celtiques, et d’autant plus que les Gètes ou Σκύθαι des Grecs étaient des peuples barbares, tandis que les Kheta sont représentés, sur les monuments égyptiens, comme une nation très civilisée. Les peintures de Médinet-Abou nous les montrent vêtus de longues robes de couleurs brillantes tombant jusqu’à la cheville, avec la barbe épaisse et les yeux droits. Ce ne sont donc pas, dans tous les cas, des hommes de race jaune. Ils combattent en fort belle ordonnance, les soldats armés d’épées au premier rang, les piquiers au second. Le Memnonium de Thèbes représente aussi leurs forteresses entourées d’un double fossé. (Wilkinson, t. I, 384.) Aussi, bien que le nom de Kheta ou Sheta ait un certain rapport de son avec celui de Gètes, il n’y a pas là de quoi