Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le gouvernement de M. Thiers nomma M. de Gobineau ministre en Suède. Il s’y rendit en 1872 et il y resta cinq ans. Comme partout ailleurs il fut apprécié par l’élément le plus intelligent de la société. L’accueil cordial de quelques âmes d’élite le consola des souffrances d’une mauvaise santé et de beaucoup d’autres chagrins. Encouragé par cette sympathie, ce séjour à Stockholm fut fécond en nouveaux travaux. Dans la première partie de l’Amadis, il évoque le moyen âge et la personnification la plus pure de la race aryane ; dans la Renaissance, il fait passer devant nous bien vivantes les grandes figures du seizième siècle italien. Dans le très étrange roman les Pléiades, où il a fait entrer tant de ses idées sur la vie, il nous représente les différentes manières dont un Anglais, un Allemand, un Français et un Slave envisagent la passion de l’amour. Enfin, se souvenant du lointain Orient, plein de ce désir de soleil que l’on éprouve pendant les tristes crépuscules et les longues nuits du Nord, il écrivait ces Nouvelles Asiatiques tantôt si spirituelles, tantôt si passionnées, toujours d’une observation si exacte et qui sont un des bijoux les plus exquis de son écrin.

Un voyage en Norwège, à l’époque des fêtes du couronnement du roi Oscar à Drontheim, avait été pour M. de Gobineau un agréable délassement. Il y avait rencontré une population aryane assez pure, et certaines descriptions de l’Amadis montrent combien il avait été frappé par cette nature sauvage du septentrion où l’Océan livre à la terre de si rudes combats.

En 1876, autorisé par son gouvernement, il accompagna l’empereur Don Pedro dans un intéressant voyage en Russie, à Constantinople et en Grèce.