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également que l’écho du perfectionnement égyptien, soutenu par un souvenir d’Assyrie transmis de main en main jusqu’à elle. Les splendeurs fantastiques de la cour du Prêtre-Jean, si l’on veut qu’il ait été le grand Négu, n’ont existé que dans l’imagination des voyageurs romanesques du temps passé.

Pour la première fois, nos recherches viennent de trouver dans l’Éthiopie un de ces pays annexes d’une grande civilisation étrangère, ne la possédant que d’une manière incomplète et absolument comme le disque lunaire fait pour la clarté du soleil. L’Abyssinie est à l’ancienne Égypte ce que l’empire d’Annam est à la Chine, et le Thibet à la Chine et à l’Inde (1)[1]. Ces sortes de sociétés imitatrices ou mixtes offrent les points où se rattache l’esprit de système pour remonter à l’encontre de tous les faits présentés par l’histoire. C’est là qu’on aime à défigurer les vestiges à peine apparents d’une importation certaine, et à leur prêter la valeur d’inspirations primordiales. C’est là surtout qu’on a trouvé des armes pour défendre cette théorie moderne qui veut que les peuples sauvages ne soient que des peuples dégénérés, doctrine parallèle à cette autre, que tous les hommes sont de grands génies désarmés par les circonstances.

Cette opinion, partout où on l’applique, chez les indigènes des deux Amériques, chez les Polynésiens comme chez les Abyssins, est un abus de langage ou une erreur profonde. Bien loin de pouvoir attribuer à la pression des faits extérieurs l’engourdissement fatal qui a toujours pesé, avec plus ou moins de force, sur les nations cultivées de l’Afrique orientale, il faut se persuader que c’est là une infirmité étroitement inhérente à leur nature ; que jamais ces nations n’ont été civilisées parfaitement, intimement ; que leurs éléments ethniques les plus nombreux ont toujours été radicalement inaptes à se perfectionner ; que les faibles effets de fertilité importés par des filons de sang meilleur étaient trop peu considérables pour pouvoir durer longtemps ; que leur groupe a rempli le



(1) Et aussi Tombouctou au Maroc. (Voir Journal asiatique, 1er janvier 1853 ; Lettre à M. Defrémery, sur Ahmed Baba, le Tombouctien, par M. A. Cherbonneau.)

  1. (1) Et aussi Tombouctou au Maroc. (Voir Journal asiatique, 1er janvier 1853 ; Lettre à M. Defrémery, sur Ahmed Baba, le Tombouctien, par M. A. Cherbonneau.)