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voisinage des tribus arabes avec lesquelles quelques invasions, exécutées sous l’empereur Justin (1)[1], avaient resserré leurs liens antiques, l’adoption de certaines idées juives fort remarquées, plus tard, et qui s’accordaient assez naturellement avec la portion sémitique de leur sang (2)[2].

Le christianisme apporté par les Pères du désert, ces terribles anachorètes rompus aux plus rudes austérités, aux macérations les plus effrayantes, voire enclins aux mutilations les plus énergiques, était de nature à frapper les imaginations de ces peuples. Ils auraient été très probablement insensibles aux douces et sublimes vertus d’un saint Hilaire de Poitiers. Les pénitences d’un saint Antoine ou d’une sainte Marie Égyptienne exerçaient sur eux une autorité illimitée, et c’est ainsi que le catholicisme, si admirable dans sa diversité, si universel dans ses pouvoirs, si complet dans ses déductions, n’était pas moins armé pour ouvrir les cœurs de ces compagnons de la gazelle, de l’hippopotame et du tigre, qu’il ne le fut plus tard pour aller, avec Adam de Brême, parler raison aux Scandinaves et les convaincre. Les Abyssins, déjà plus qu’à demi déserteurs de la civilisation égyptienne depuis l’affaiblissement des provinces hautes de l’ancien empire des Pharaons, et plus tournés du côté de l’Yémen, restèrent pendant des siècles dans une sorte de situation intermédiaire entre la barbarie complète et un état social un peu meilleur ; et, pour continuer la transformation dont ils étaient devenus susceptibles, il fallut un nouvel apport de sang sémitique. L’irruption qui le fournit eut lieu 600 ans après J.-C. : ce fut celle des Arabes musulmans.

J’insiste peu sur les quelques conquêtes opérées à différentes reprises par les Abyssins dans la péninsule arabique. Il n’y a rien d’extraordinaire à ce que, de deux populations vivant



(1) Ludolf, Comm. ad Hist. Æthiop., p. 61. — C. T. Johannsen, Historia Jemanæ, Bonn, 1828, p. 80 : « Ait deinde Hamza, Maaditis eum sororis filium Alharithsum b. Amru præfecisse, Meccam et Medinam expugnasse, tum ad Jemanam reversum Judaismum cum populo suo amplexum, Judæos in Jemanam vocasse, atque Jemanenses et Rebiitas fœdere conjunxisse. »

(2) Prichard, Naturgeschichte d. M. G., t. I, p. 324.

  1. (1) Ludolf, Comm. ad Hist. Æthiop., p. 61. — C. T. Johannsen, Historia Jemanæ, Bonn, 1828, p. 80 : « Ait deinde Hamza, Maaditis eum sororis filium Alharithsum b. Amru præfecisse, Meccam et Medinam expugnasse, tum ad Jemanam reversum Judaismum cum populo suo amplexum, Judæos in Jemanam vocasse, atque Jemanenses et Rebiitas fœdere conjunxisse. »
  2. (2) Prichard, Naturgeschichte d. M. G., t. I, p. 324.