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de facultés de la race supérieure, pouvait déterminer dans l’ensemble du mouvement national une activité propre à la séparer davantage de la stagnation de la race noire (1)[1]. Mais il eût été bien surprenant et tout à fait inexplicable qu’une civilisation originale, ou seulement une copie faite de main de maître, sortît de ce mélange où, en définitive, le noir continuait à dominer. Les monuments ne présentèrent que des imitations médiocres de ce qui se voyait à Thèbes, à Memphis et ailleurs. Rien, pas un indice, pas une trace, ne montre une création personnelle des Abyssins, et leur plus grande gloire, ce qui a rendu leur nom illustre, c’est, il faut bien l’avouer, le mérite, en lui-même assez pâle, d’avoir été le dernier des peuples situés en Afrique chez lequel les recherches les plus minutieuses aient pu faire découvrir les vestiges d’une véritable culture politique et intellectuelle.

Dans les temps de l’empire romain, le commerce du monde s’étant beaucoup étendu, les Abyssins y jouèrent un rôle derrière les Himyarites. Le génie de l’Égypte ancienne était alors tout à fait éteint. Des colons hellénisés pénétrèrent jusque dans la Nubie, et l’élément sémite, apporté par eux, commença à l’emporter sur le souvenir des Pharaons. Le gheez eut une écriture empruntée à l’Arabie. Cependant, malgré tout, les naturels du pays donnèrent un si petit éclat à leur action, on les connaissait si mal et si peu, leur influence était si lointaine, si effacée, qu’ils restèrent constamment, même pour les géographes les plus savants et les plus perspicaces, à l’état de demi-énigmes.

L’avènement du christianisme ne haussa pas le degré de leur culture. À la vérité, persistant encore quelque temps dans leurs habitudes de tout recevoir de l’Égypte, et touchés par le zèle apostolique des premiers missionnaires, ils embrassèrent assez généralement la foi. Ils avaient déjà dû au



(1) À Abou-Simbel, sur la jambe gauche d’un des quatre colosses de Rhamsès, le second en allant vers le sud, on trouve une inscription grecque et plusieurs inscriptions chananéennes commémoratives de la poursuite faite des guerriers fugitifs par les soldats grecs et cariens à la solde de Psammatik. — Lepsius, Briefe aus Ægypten, p. 261.

  1. (1) À Abou-Simbel, sur la jambe gauche d’un des quatre colosses de Rhamsès, le second en allant vers le sud, on trouve une inscription grecque et plusieurs inscriptions chananéennes commémoratives de la poursuite faite des guerriers fugitifs par les soldats grecs et cariens à la solde de Psammatik. — Lepsius, Briefe aus Ægypten, p. 261.