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à conclure que la civilisation des Arabes extrêmes, bien qu’assyrienne, n’était pas comparable en mérite et en éclat au reflet dont jouissaient les cités chananéennes (1)[1].

Suivant cette proportion décroissante, les émigrants qui passèrent le détroit de Bab-el-Mandeb et vinrent s’établir en Éthiopie, n’y apportèrent qu’une civilisation fragmentaire, et les races noires de Nubie et d’Abyssinie n’auraient pu être bien sérieusement ni bien longtemps affectées, soit dans leur type physique, soit dans leur valeur morale, si le voisinage de l’Égypte n’avait pas suppléé un jour, plus largement que de coutume, à la pauvreté des dons ordinaires provenant des civilisations de Misr et d’Arabie.

Je ne veux pas dire ici que l’Abyssinie et les contrées environnantes soient devenues le théâtre d’une société très avancée. Non seulement la culture de ce pays ne fut jamais originale, non seulement elle se borna toujours à la simple et lointaine imitation de ce qui se faisait, soit dans les villes arabes de la côte, soit dans l’Inde ariane et dans les capitales égyptiennes, Thèbes, Memphis, et plus tard Alexandrie, mais encore l’imitation ne se montra ni complète ni étendue.

Je sais que je prononce là des paroles très irrévérencieuses et qui ne peuvent manquer d’indigner les panégyristes de l’espèce nègre, car on n’ignore pas que, l’esprit de parti s’en mêlant, les flatteurs de cette fraction de l’humanité se sont mis en humeur de lui conquérir des titres de gloire, et n’ont pas hésité à présenter la civilisation abyssine comme typique,



(1) Ce sera peut-être un jour la gloire la plus solide et la plus réelle de notre époque que ces admirables découvertes qui viennent aujourd’hui transformer et enrichir, de toutes parts, le domaine autrefois si sec et si restreint de l’histoire primordiale. Des ruines considérables et des inscriptions sans nombre ont été découvertes dans l’Arabie méridionale. Les annales himyarites sortent du néant où elles étaient presque entièrement ensevelies, et, avant peu, ce qu’on saura de cette antiquité, non seulement lointaine, mais plus étrangère pour nous que celle de Ninive et même de Thèbes, parce qu’elle fut plus absolument locale et tournée vers l’Inde dans ce qu’elle eut d’expansion au dehors, n’aura pas moins d’intérêt dans l’ensemble des chroniques humaines que toutes les conquêtes du même genre dont la science s’enrichit par ailleurs.

  1. (1) Ce sera peut-être un jour la gloire la plus solide et la plus réelle de notre époque que ces admirables découvertes qui viennent aujourd’hui transformer et enrichir, de toutes parts, le domaine autrefois si sec et si restreint de l’histoire primordiale. Des ruines considérables et des inscriptions sans nombre ont été découvertes dans l’Arabie méridionale. Les annales himyarites sortent du néant où elles étaient presque entièrement ensevelies, et, avant peu, ce qu’on saura de cette antiquité, non seulement lointaine, mais plus étrangère pour nous que celle de Ninive et même de Thèbes, parce qu’elle fut plus absolument locale et tournée vers l’Inde dans ce qu’elle eut d’expansion au dehors, n’aura pas moins d’intérêt dans l’ensemble des chroniques humaines que toutes les conquêtes du même genre dont la science s’enrichit par ailleurs.