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la considérer comme ne pouvant être que le résultat d’une source unique, et de conclure de sa présence chez plusieurs peuples à leur identité originelle. Mais, en y réfléchissant un peu, on n’a pas de peine à se convaincre que l’organisation généalogique des fonctions sociales n’est qu’une conséquence directe de l’idée d’inégalité des races entre elles, et que partout où il y a eu des vainqueurs et des vaincus, principalement quand ces deux pôles de l’État ont été visiblement séparés par des barrières physiologiques, le désir est né chez les forts de conserver le pouvoir à leurs descendants, en les contraignant de garder pur, autant que possible, ce même sang dont ils regardaient les vertus comme l’unique cause de leur domination. Presque tous les rameaux de la race blanche ont essayé, un moment, l’ébauche de ce système exclusif, et s’ils ne l’ont pas généralement poussé aussi loin que les gardiens des Védas et les sectateurs d’Osiris, c’est que les populations au milieu desquelles ils se trouvaient leur étaient déjà parentes de trop près quand ils se sont avisés de se rendre inaccessibles. Sous ce rapport, toutes les sociétés blanches s’y sont prises trop tard ; les Égyptiens, comme les autres, et même les Brahmanes. Leur prétention ne pouvait naître qu’après expérience faite des inconvénients à éviter. Elle ne constituait, dès lors, qu’un effort plus ou moins impuissant.

Ainsi, l’existence des castes ne suppose pas en elle-même l’identité des peuples, puisqu’elle existe chez les Germains, chez les Étrusques, chez les Romains comme à Thèbes, tout comme à Videha. Cependant on pourrait répondre que, si l’idée séparatiste doit se produire partout où deux races inégales sont en présence, il n’en est pas de même des applications variées qui en ont été faites, et on insistera sur cette grande ressemblance dans les systèmes de l’Égypte et de l’Inde : la contrainte perpétuelle des lignées au métier de leurs ancêtres. C’est là, en effet, le rapport. Il y a aussi la dissemblance, et la voici : en Égypte, pourvu qu’un fils remplît les mêmes fonctions que son père, la loi était satisfaite ; la mère pouvait sortir de toute descendance, sauf d’une famille de bergers. Cette exception contre les gardiens de troupeaux,