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On doit sans scrupule le rattacher aux antiques habitudes pastorales de la race blanche, et, comme à la vénération rendue à la cobra di capello, lui assigner une origine hindoue. C’est une folie dont la source n’est pas grossière.

Je ferais la même réserve pour d’autres similitudes très frappantes, telles que le personnage de Typhon, l’amour du lotus et, avant tout, la physionomie particulière de la cosmogonie qui se rapproche tout à fait des idées brahmaniques. À la vérité, il est quelquefois dangereux d’ajouter une foi trop explicite aux conclusions tirées de comparaisons semblables. Les idées peuvent souvent voyager à demi mortes et venir se régénérer sur un terrain propre à les faire réussir, après avoir passé par bien des milieux. Ainsi se trouveraient déçues les espérances que l’on aurait pu concevoir de leur présence à deux points extrêmes, pour constater une identité de race chez leurs possesseurs différents. Cette fois, cependant, il est difficile de se tenir en méfiance. L’hypothèse la plus défavorable à la communication directe entre les Hindous et les Égyptiens serait de supposer que les notions théologiques des premiers seraient passées du territoire sacré dans la Gédrosie, de là chez les diverses tribus arabes, pour tomber enfin chez les seconds. Or, les Gédrosiens étaient de misérables barbares, détritus immondes des tribus noires (1)[1]. Les Arabes s’adonnaient entièrement aux notions des Chamites, et on ne trouve pas trace, parmi eux, de celles dont il s’agit. Ces dernières venaient donc directement de l’Inde, sans transmission intermédiaire. C’est un grand argument de plus en faveur de l’origine ariane du peuple des Pharaons.

Je ne considérerai pas tout à fait comme aussi concluante une particularité qui, au premier aspect, frappe cependant beaucoup. C’est l’existence, dans les deux pays, du régime des castes. Cette institution semble porter en elle un tel cachet d’originalité, qu’elle donne toutes les tentations possibles de



(1) À une époque assez basse, les Arians ont poussé jusque chez ces peuplades. Ils n’ont fait que passer et n’ont laissé aucune trace de leur séjour. (Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 533.)

  1. (1) À une époque assez basse, les Arians ont poussé jusque chez ces peuplades. Ils n’ont fait que passer et n’ont laissé aucune trace de leur séjour. (Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 533.)