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hostile sur mille points à celle des Chamites noirs ? Comment auraient-ils adopté une langue si remarquablement différente des idiomes de leurs congénères ? On ne voit pas à ces objections de réponse raisonnable. Les Égyptiens ne sont donc pas des Chamites, et il faut se tourner d’un autre côté.

L’ancienne langue égyptienne se compose de trois parties. L’une appartient aux langues noires. L’autre, provenant du contact de ces langues noires avec l’idiome des Chamites et des Sémites, produit ce mélange que l’on dénomme d’après la seconde de ces races. Enfin se présente une troisième partie, très mystérieuse, très originale, sans doute, mais qui, sur plusieurs points, paraît trahir des affinités arianes et une certaine parenté avec le sanscrit (1)[1]. Ce fait important, s’il était solidement établi, pourrait être considéré comme terminant la discussion, et pouvant servir à tracer l’itinéraire des colons blancs de l’Égypte, depuis le Pendjab jusqu’à l’embouchure de l’Indus, et de là dans la vallée supérieure du Nil. Malheureusement, bien qu’indiqué, il n’est pas clair et ne peut servir que d’indice (2)[2]. Cependant il n’est pas impossible de lui trouver des étais.

On a considéré longtemps les contrées basses de l’Égypte comme ayant fait partie primitive du pays de Misr. C’était une opinion erronée. Les lieux où la civilisation égyptienne établit



(1) M. le baron d’Eckstein ne convient pas de ce fait très fort et trop affirmé par M. de Bohlen. Cependant il reconnaît, de la manière la plus explicite, l’origine hindoue. Voici ses expressions mêmes : « Quoique le copte soit aux antipodes du sanscrit, mille raisons me semblent toutefois conspirer pour retrouver dans le bassin de l’Indus le siège de la primitive civilisation transportée dans la vallée du Nil. » (Recherches historiques sur l’humanité primitive, p. 76.) M. Wilkinson partage cet avis et considère les Égyptiens comme une colonie hindoue (t. I, p. 3).

(2) Il ne faut pas perdre de vue que le copte ou langue démotique, le seul secours que nous ayons pour traduire les inscriptions hiéroglyphiques, n’est qu’un dialecte, une dégénération, une sorte de mutilation de la langue sacrée, et il faudrait savoir si les traces sanscrites ne sont pas plus abondantes dans ce plus ancien idiome. — Voir Brugsch, Zeitschrift der deutschen morgenlændischen Gesellschaft, t. III, p. 266.

  1. (1) M. le baron d’Eckstein ne convient pas de ce fait très fort et trop affirmé par M. de Bohlen. Cependant il reconnaît, de la manière la plus explicite, l’origine hindoue. Voici ses expressions mêmes : « Quoique le copte soit aux antipodes du sanscrit, mille raisons me semblent toutefois conspirer pour retrouver dans le bassin de l’Indus le siège de la primitive civilisation transportée dans la vallée du Nil. » (Recherches historiques sur l’humanité primitive, p. 76.) M. Wilkinson partage cet avis et considère les Égyptiens comme une colonie hindoue (t. I, p. 3).
  2. (2) Il ne faut pas perdre de vue que le copte ou langue démotique, le seul secours que nous ayons pour traduire les inscriptions hiéroglyphiques, n’est qu’un dialecte, une dégénération, une sorte de mutilation de la langue sacrée, et il faudrait savoir si les traces sanscrites ne sont pas plus abondantes dans ce plus ancien idiome. — Voir Brugsch, Zeitschrift der deutschen morgenlændischen Gesellschaft, t. III, p. 266.