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hommes misérables est précise, caractéristique, terrible par l’idée de dégradation profonde qu’elle éveille.

Ils n’habitaient plus, au temps de Job, que dans le district montagneux de Séir ou Edom, au sud du Jourdain. Abraham les y avait déjà connus. Ésaü, ce ne fut vraisemblablement pas sa moindre faute, habita parmi eux (1)[1], et, conséquence naturelle dans ces temps-là, il prit, au nombre de ses épouses, une de leurs femmes, Oolibama, fille d’Ana, fille de Sébéon, de sorte que les fils qu’il en eut, Jehus, Jhelon et Coré, se trouvèrent liés très directement par leur mère à la race noire.

Les Septante appellent ces peuplades les Chorréens ; la Vulgate les nomme moins justement Horréens, et il en est fait mention en plusieurs endroits des Écritures (2)[2]. Ils vivaient au milieu des rochers et se blottissaient dans des cavernes. Leur nom même signifie troglodytes (3)[3]. Leurs tribus avaient des communautés indépendantes. Toute l’année, errant au hasard, ils allaient volant ce qu’ils trouvaient, assassinant quand ils pouvaient. Leur taille était très élevée. Misérables à l’excès, les voyageurs les redoutaient pour leur férocité. Mais toute description pâlit en face des versets de Job, où M. d’Ewald (4)[4]



(1) Gen. XXXVI, 8 : « Habitavitque Esau in monte Seir... »

(2) Tantôt la Vulgate dit Horræi (Gen., XXXVI, 20, 21 et 29), et tantôt Horrhæi (Deutéron., II, 12).

(3) -- (hébreu) trou, caverne.

(4) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 273.

Les Chorréens avaient occupé, à des époques plus anciennes, les deux rives du Jourdain jusqu’à l’Euphrate vers le nord-est et au sud jusqu’à la met Rouge. Il est d’ailleurs assez fréquemment question de ces peuplades noires dans la Genèse, le Deutéronome et les Paralipomènes, partout, enfin, où paraissent des aborigènes. Elles ne sont pas connues que sous un seul nom. Appelées Chorréens dans la Genèse, le Deutéronome les nomme aussi Emim ---- (hébreu) dont le singulier est --- (hébreu) qui signifie terreur. Les Emim seraient donc les terreurs, les gens dont l’aspect épouvante (Deutér., II, 10 et 11). On trouve encore une tribu particulière, anciennement établie sur le territoire d’Ar, assigné depuis aux Ammonites. Ces derniers les nommaient les Zomzommim ---- (hébreu). Le texte décrit ainsi leur pays et eux-mêmes. (Deutér., II, 20) : « Terra gigantum reputata est et in ipsa olim habitaverunt

  1. (1) Gen. XXXVI, 8 : « Habitavitque Esau in monte Seir... »
  2. (2) Tantôt la Vulgate dit Horræi (Gen., XXXVI, 20, 21 et 29), et tantôt Horrhæi (Deutéron., II, 12).
  3. 3) -- (hébreu) trou, caverne.
  4. (4) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 273. Les Chorréens avaient occupé, à des époques plus anciennes, les deux rives du Jourdain jusqu’à l’Euphrate vers le nord-est et au sud jusqu’à la met Rouge. Il est d’ailleurs assez fréquemment question de ces peuplades noires dans la Genèse, le Deutéronome et les Paralipomènes, partout, enfin, où paraissent des aborigènes. Elles ne sont pas connues que sous un seul nom. Appelées Chorréens dans la Genèse, le Deutéronome les nomme aussi Emim ---- (hébreu) dont le singulier est --- (hébreu) qui signifie terreur. Les Emim seraient donc les terreurs, les gens dont l’aspect épouvante (Deutér., II, 10 et 11). On trouve encore une tribu particulière, anciennement établie sur le territoire d’Ar, assigné depuis aux Ammonites. Ces derniers les nommaient les Zomzommim ---- (hébreu). Le texte décrit ainsi leur pays et eux-mêmes. (Deutér., II, 20) : « Terra gigantum reputata est et in ipsa olim habitaverunt gigantes, quos Animonitæ vocant Zomzommim, 21. Populus magnus et multus et proceræ longitudinis, sicut Enacim, quos delevit Dominus a facie eorum... » Gesenius rapporte la racine de ce nom de peuple au quadrilatère inusité : (hébreu) (murmuravit, fremuit). Enfin les Chorréens, les Emim, les Zomzommim, ces hommes de terreur et de bruit, sont toujours comparés aux Enacim, les hommes aux longs cous, les géants par excellence. Ces derniers, avant l’arrivée des Israélites, habitaient les environs d’Hébron. En partie exterminés, ce qui en survécut se réfugia dans les villes des Philistins, où on en rencontrait encore à une époque assez basse. Il n’est pas douteux que le célèbre champion qui combattit contre le berger David, Goliath (dont le nom signifie l’exilé, le réfugié), appartenait à cette famille proscrite.