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époque beaucoup plus ancienne ; mais l’apparition du nom de ce prophète, porté par un souverain, est une garantie de l’existence de ses dogmes au milieu de la nation. Les Mèdes n’étaient donc pas dégradés par les monstruosités des cultes chamitiques, et, avec des notions religieuses plus saines, ils gardaient certainement plus de vigueur militaire et plus de facultés gouvernementales.

Il n’était cependant pas possible que leur domination se maintînt indéfiniment. Les raisons qui leur imposaient une prompte décadence sont de différent ordre.

La nation médique n’a jamais été très nombreuse, nous aurons l’occasion de le démontrer plus tard, et si, au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, elle a repris sur les États assyriens une autorité perdue depuis l’an 2234 avant notre ère, c’est qu’alors elle fut puissamment aidée par l’abâtardissement final des races chamo-sémitiques, par l’absence complète de tout concurrent à l’empire et par l’alliance de plusieurs nations arianes, qui, à l’époque de sa première invasion, n’avaient pas encore paru dans les régions du sud-ouest qu’elles occupèrent plus tard, entre autres les tribus persiques.

De sorte que les Mèdes formaient une sorte d’avant-garde de la famille ariane. Ils n’étaient pas nombreux par eux-mêmes, ils n’étaient pas appuyés par les autres peuples, leurs parents ; et non seulement ils ne l’étaient pas, parce que ceux-ci n’étaient pas encore descendus, à leurs côtés, vers les contrées méridionales, mais parce que, dans ces époques reculées et après le départ des Arians Hellènes, dont les migrations jetaient constamment des essaims de Sémites sur le monde assyrien et chananéen, une civilisation imposante exerçait un immense empire sur le gros des peuples arians zoroastriens, dans les régions situées entre la Caspienne et l’Hindoukoh, et, plus particulièrement, dans la Bactriane. Là régnait une populeuse cité, Balk, la mère des villes, pour me servir de l’expression emphatique employée par les traditions iraniennes lorsqu’elles veulent peindre d’un même trait et la puissance et l’incroyable antiquité de l’ancienne métropole du magisme.

Il s’était formé sur ce point un centre de vie qui, concentrant