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chamo-sémites les plus reculées dans cette direction. Ils étaient sans cesse atteints par des immigrations, latentes ou déclarées, descendues des montagnes du nord-est. C’est donc là qu’était la cause de leur longue, de leur séculaire prépondérance.

Avec quelle rapidité les invasions se succédaient, on l’a vu. La dynastie sémite-chaldéenne, qui avait mis fin à la domination exclusive des Chamites vers l’an 2000, fut renversée, deux cents ans après environ, par de nouvelles bandes sorties des montagnes.

À celles-ci, l’histoire donne le nom de médiques. On aurait lieu d’être un peu surpris de rencontrer des nations indo-germaniques si avant dans le sud-ouest, à une époque encore bien reculée, si, persistant dans l’ancienne classification, on prétendait tirer une rigoureuse ligne de démarcation entre les peuples blancs, des différentes origines, et séparer nettement les Sémites des nations dont les principales branches ont peuplé l’Inde et plus tard l’Europe. Nous venons de voir que la vérité philologique repousse cette méthode de classifications strictes. Nous sommes complètement en droit d’admettre les Mèdes comme fondateurs d’une très ancienne dynastie assyrienne, et de considérer ces Mèdes, soit, avec Movers, comme des Sémites-Chaldéens (1)[1], soit avec Ewald, comme des peuples arians ou indo-germains, suivant la face sous laquelle il nous plaît le mieux d’envisager la question (2)[2]. Servant de transition aux deux races, ils tiennent de l’une et de l’autre. Ce sont indifféremment, à parler géographie, les derniers des Sémites ou les premiers des Arians, comme on voudra.

Je ne doute pas que, sous le rapport des qualités qui tiennent à la race, ces Mèdes de première invasion ne fussent supérieurs aux Sémites plus mêlés aux noirs dont ils étaient les parents. J’en veux pour témoignage leur religion, qui était le magisme. Il faut l’induire du nom du second roi de leur dynastie, Zaratuschtra (3)[3]. Non pas que je sois tenté de confondre ce monarque avec le législateur religieux : celui-là vivait à une



(1) Movers, Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re partie, p. 420.

(2) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 334.

(3) Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 753.


  1. (1) Movers, Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re partie, p. 420.
  2. (2) Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 334.
  3. (3) Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 753.