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commença, comme par instinct, à réfléchir sur la question des races.

Quand il revint en France, ce fut pour gagner le fond de la Bretagne, où son père s’était retiré, après avoir quitté le service à la suite de la Révolution de 1830.

Il vécut là quelque temps, dans un milieu de légitimisme provincial fort respectable mais fort étroit, et qui ne pouvait qu’ennuyer un jeune homme déjà plein d’ardeur et de curiosité d’esprit.

Il vint donc à Paris dès qu’il le put, et comme tant d’autres il chercha sa voie. Les opinions légitimistes de sa famille l’empêchaient d’entrer dans une carrière. Il n’avait pas de fortune et un frère aîné de son père, assez riche et quinteux, était intermittent dans ses libéralités.

Ce fut une période difficile qui se prolongea jusqu’en 1848.

Cependant ceux qui l’approchaient se rendaient déjà compte de sa grande valeur. Des travaux littéraires publiés dans le Journal des Débats avaient été appréciés, et la famille de Serre, la famille des deux peintres Ary et Henri Scheffer, et celle d’Alexis de Tocqueville, pour ne citer que les noms les plus connus, l’entouraient d’estime et d’affection. Aussi quand ce dernier devint ministre des affaires étrangères, il n’hésita pas à nommer M. de Gobineau au poste de chef de son cabinet.

On sait l’histoire de ce ministère qui, autant et plus qu’un fameux cabinet anglais du commencement de ce siècle, aurait mérité le nom de « ministère de tous les talents ». Il portait ombrage au prince Louis-Napoléon, qui lui fît une sourde guerre et finit par s’en débarrasser.