Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entier, depuis le dernier matelot, le plus infime ouvrier, jusqu’au grand prêtre du Dieu le plus révéré, jusqu’au noble le plus arrogant, la loi étendait le niveau terrible révélé par cette courte sentence  : Autant d’hommes, autant d’esclaves !

C’est ainsi que les Sémites, unis à la postérité de Cham, avaient compris et pratiquaient la science du gouvernement. J’insiste d’autant plus sur cette sévère conception, que nous la verrons, avec le sang sémitique, pénétrer dans les constitutions de presque tous les peuples de l’antiquité, et toucher même aux temps modernes, où elle ne recule, provisoirement, que devant les notions plus équitables et plus saines de la race germanique.

N’oublions pas d’analyser les inspirations qui avaient présidé à cette organisation rigoureuse. En ce qu’elles avaient de brutal et d’odieux, leur source, évidemment, trempait dans la nature noire, amie de l’absolu, facile à l’esclavage, s’attroupant volontiers dans une idée abstraite à qui elle ne demande pas de se laisser comprendre, mais de se faire craindre et obéir. Au contraire, dans les éléments d’une nature plus élevée, qu’on ne peut y méconnaître, dans cet essai de pondération entre la royauté, le sacerdoce et la noblesse armée, dans cet amour de la règle et de la légalité, on retrouve les instincts bien marqués que nous constaterons partout chez les peuples de race blanche.

Les villes chananéennes attiraient à elles de nombreuses troupes de Sémites, appartenant à tous les rameaux de la race, et par conséquent différemment mélangées. Les hommes qui arrivaient d’Assyrie apportaient, du mélange chamite particulier auquel ils avaient touché, un sang tout autre que celui du Sémite qui, venu de la basse Égypte ou du sud de l’Arabie, avait été longtemps en contact avec le nègre à chevelure laineuse. Le Chaldéen du nord, celui des montagnes de l’Arménie (1)[1], l’Hébreu, enfin, dans les alliages subis par sa race,



(1) L’homme venu du pays d’Arpaxad (Gen., X-22). — Tous les peuples sortis de Sem, à la première génération, sont dénommés dans l’ordre de leur position géographique, en commençant par le sud et en finissant par le nord-ouest : Elam, au delà du Tigre, près du golfe

  1. (1) L’homme venu du pays d’Arpaxad (Gen., X-22). — Tous les peuples sortis de Sem, à la première génération, sont dénommés dans l’ordre de leur position géographique, en commençant par le sud et en finissant par le nord-ouest : Elam, au delà du Tigre, près du golfe Persique ; Assur, l’Assyrie, remontant le Tigre, vers le nord ; Arpaxad, l’Arménie, inclinant à l’ouest ; Lud, la Lydie ; Aram redescend vers le sud avec le cours de l’Euphrate. (Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I.)