Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Assyrie et de l’Égypte, mais surtout de l’Assyrie, étaient les grands débouchés du commerce de Sidon et de Tyr. À la vérité, les Chananéens allaient, sur d’autres points encore, porter les étoffes de pourpre, les verreries, les parfums et les denrées de toutes sortes, dont leurs magasins regorgeaient. Mais quand la proue élevée de leurs navires noirs et longs venait toucher la grève encore si jeune des côtes grecques ou les rivages de l’Italie, de l’Afrique, de l’Espagne, l’équipage ne faisait là que d’assez maigres profits. La longue barque était tirée à terre par les rameurs noirs, aux tuniques rouges, courtes et serrées. Les populations aborigènes entouraient, la convoitise et l’étonnement peints sur le visage, ces navigateurs arrogants qui commençaient par disposer autour de leur navire les groupes prudemment armés de leurs mercenaires sémites ; puis on étalait devant les rois et les chefs, accourus de tous les points de la contrée, ce que contenaient les flancs du vaisseau. Autant que possible, on cherchait à obtenir en échange des métaux précieux. C’était ce qu’on demandait à l’Espagne, riche en ce genre. Avec les Grecs, on traitait surtout pour des troupeaux, pour des bois principalement, comme en Afrique pour des esclaves. Quand l’occasion s’y prêtait et que le marchand se jugeait le plus fort, sans scrupule il se jetait, avec son monde, sur les belles filles, vierges royales ou servantes, sur les enfants, sur les jeunes garçons, sur les hommes faits, et rapportait joyeusement dans les marchés de sa patrie les fruits abondants de ce commerce sans foi qui, dès la plus haute antiquité, a rendu célèbres l’avidité, la lâcheté et la perfidie des Chamites et de leurs alliés. On comprend, de reste, quelle aversion dangereuse devaient inspirer ces marchands sur les côtes, où ils ne s’étaient pas encore assuré, par des établissements fixes, la haute main et la domination absolue. En somme, ce qu’ils faisaient par tous ces pays, c’était une exploitation des richesses locales. Donnant peu pour obtenir ou extorquer, ou arracher, beaucoup, leurs opérations se bornaient à un commerce de troc, et leurs plus beaux produits, comme leurs plus précieuses denrées, ne trouvaient pas là de placement. La grande importance de