Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noirs. Le fait, incontestable pour les Chamites, ne l’est pas pour leurs associés.

À la manière dont ceux-ci se sont mêlés aux sociétés antérieures, tantôt s’abattant victorieux sur les États du centre, tantôt se glissant, en serviteurs utiles et intelligents, dans les communautés maritimes, il est fort à croire qu’ils firent comme les enfants d’Abraham : ils apprirent les langues du pays où ils venaient aussi bien gagner leur vie que régner (1)[1]. L’exemple donné par le rameau hébreu a très bien pu être suivi par toutes les branches de la famille, et je ne répugne pas davantage à croire que les dialectes formés postérieurement par celle-ci n’aient eu précisément pour caractère typique de créer, ou au moins d’agrandir des lacunes. Je les signalais tout à l’heure dans l’organisme des langues sémitiques. Ceci n’est d’ailleurs pas une hypothèse. Les Sémites les moins mélangés de sang chamite, tels que les Hébreux, ont possédé un idiome plus imparfait que les Arabes. Les alliances multipliées de ces derniers avec les peuplades environnantes avaient sans cesse replongé la langue dans ses origines mélaniennes. Toutefois, l’arabe est encore loin d’atteindre à l’idéal noir, comme l’essence de ceux qui le possèdent est loin d’être identique avec le sang africain.

Quant aux Chamites, il en fut différemment : il fallut, de toute nécessité, que, pour donner naissance au système linguistique qu’ils adoptèrent et transmirent aux Sémites, ils s’abandonnassent sans réserve à l’élément noir. Ils durent posséder le système sémitique beaucoup plus purement, et je ne serais pas surpris si, malgré la rencontre de racines indo-germaniques dans les inscriptions de Bi-Soutoun, on était amené à reconnaître un jour que la langue de quelques-unes de ces annales du plus lointain passé se rapproche plus du type nègre que l’arabe, et, à plus forte raison, que l’hébreu et l’araméen.



(1) À cette époque, l’araméen était déjà distinct de la langue de Chanaan. (Gen., XXXI, 47) : « Quem (tumulum) vocavit Laban Tumulum testis, et Jacob, Acervum testimonii, uterque juxta proprietatem lingum suit. » Les mots araméens sont (araméen) les mots hébreux (hébreu).

  1. (1) À cette époque, l’araméen était déjà distinct de la langue de Chanaan. (Gen., XXXI, 47) : « Quem (tumulum) vocavit Laban Tumulum testis, et Jacob, Acervum testimonii, uterque juxta proprietatem lingum suit. » Les mots araméens sont (araméen) les mots hébreux (hébreu).