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gardé l’habitude de porter les armes. Elle aimait encore à suspendre ses boucliers, richement peints et dorés, aux sommets des grandes tours et à embellir ses villes de cette parure brillante qui au dire des témoignages, les faisait resplendir de loin comme des étoiles (1)[1]. Le reste du peuple travaillait. Il jouissait des produits de son industrie et de son commerce. Quand la politique réclamait quelque coup de vigueur, une colonisation, une émigration, les rois et les conseils aristocratiques, après avoir enlevé l’écume de leurs populations par une presse forcée, lui donnaient pour gardes et pour soutiens des Sémites ; tandis que quelques rejetons des Chamites noirs, se mettant à la tête de ce mélange, tantôt commandaient temporairement, tantôt allaient, au delà des mers, former le noyau d’un nouveau patriciat local et créer un État modelé sur les habitudes politiques et religieuses de la mère patrie.

De cette façon, les bandes sémites pénétraient partout où les Chamites avaient de l’action. Elles ne se séparaient pas, pour ainsi dire, de leurs vaincus, et le cercle de ces derniers, leur milieu, leur puissance étaient également les leurs. Les blancs de la seconde alluvion semblaient, en un mot, n’avoir pas d’autre mission à remplir que de prolonger autant que possible, par l’adjonction de leur sang, demeuré plus pur, l’antique établissement de la première invasion blanche dans le sud-ouest.

On dut croire longtemps que cette source régénératrice était inépuisable. Tandis que, vers le temps de la première émigration des Sémites, quelques-unes des nations arianes, autres tribus blanches, s’établissaient dans la Sogdiane et le Pendjab actuel, il arrivait que deux rameaux étaient détachés de celles-ci. Les peuples arians-helléniques et arians-zoroastriens, cherchant une issue pour gagner l’ouest, pressaient avec force sur les Sémites, et les contraignaient d’abandonner leurs vallées montagneuses pour se jeter dans les plaines et descendre vers le midi. Là se trouvaient les plus considérables des États fondés par les Chamites noirs.

  1. Isaïe.