Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sémitiques. Je n’ai rien dit jusqu’à présent de leurs envahissements sur plusieurs points de l’Italie, et il faut ajouter que, maîtres de la côte nord de l’Afrique, ils finirent par occuper l’Espagne en si grand nombre, qu’à l’époque romaine on y constatait aisément leur présence.

Une si énorme diffusion ne s’expliquerait pas, quelle que pût être d’ailleurs la fécondité de la race, si l’on voulait revendiquer pour ces peuples une longue pureté de sang. Mais, pour bien des causes, cette prétention ne serait pas soutenable. Les Chamites, retenus par une répugnance naturelle, avaient peut-être résisté quelque temps au mélange qui confondait leur sang avec celui de leurs noirs sujets. Pour soutenir ce combat et maintenir la séparation des vainqueurs et des vaincus, les bonnes raisons ne manquaient pas, et les conséquences du laisser-aller sautaient aux yeux. Le sentiment paternel devait être médiocrement flatté en ne retrouvant plus la ressemblance des blancs dans le rejeton mulâtre. Cependant l’entraînement sensuel avait triomphé de ce dégoût, comme il en triompha toujours, et il en était résulté une population métisse plus séduisante que les anciens aborigènes, et qui présentait, avec des tentations physiques plus fortes que celles dont les Chamites avaient été victimes, la perspective de résultats, en définitive, beaucoup moins repoussants. Puis la situation n’était pas non plus la même  : les Chamites noirs ne se trouvaient pas, vis-à-vis des arrivants, dans l’infériorité où les ancêtres de leurs mères s’étaient vus en face des anciens conquérants. Ils formaient des nations puissantes auxquelles l’action des fondateurs blancs avait infusé l’élément civilisé, donné le luxe et la richesse, prêté tous les attraits du plaisir. Non seulement les mulâtres ne pouvaient pas faire horreur, mais ils devaient, sous beaucoup de rapports, exciter et l’admiration et l’envie des Sémites, encore inhabiles aux arts de la paix.

En se mêlant à eux, ce n’étaient pas des esclaves que les vainqueurs acquéraient, c’étaient des compagnons bien façonnés aux raffinements d’une civilisation depuis longtemps assise. Sans doute la part apportée par les Sémites à l’association