Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une conséquence de la presque identification avec les peuples noirs, et je donnerai plus bas mes raisons.

Le Chamite était dégénéré  : le voilà au sein de sa société d’esclaves, entouré par elle, dominé par son esprit, tandis qu’il domine lui-même sa matière, engendrant, de ses femmes noires, des fils et des filles qui portent, de moins en moins, le cachet des antiques conquérants. Cependant, parce qu’il lui reste quelque chose du sang de ses pères, il n’est pas un sauvage, il n’est pas un barbare. Il maintient debout une organisation sociale qui, depuis tant de siècles qu’elle a disparu, laisse encore tomber sur l’imagination du monde l’ombre de quelque chose de monstrueux et d’insensé, mais de non moins grandiose.

Le monde ne saurait plus rien voir de comparable, par les effets, aux résultats du mariage des Chamites blancs avec les peuples noirs. Les éléments d’une pareille alliance n’existent nulle part, et il n’est pas étonnant que, dans la production si fréquente des hybrides des deux espèces, rien ne représente plus au physique ni au moral l’énergie de la première création Si l’élément noir a généralement assez conservé de la pureté pour montrer des qualités à peu près analogues à celles de ses plus anciens types, il n’en est pas de même du blanc. L’espèce ne se retrouve nulle part dans sa valeur primitive. Nos nations les plus dégagées d’alliages ne sont que des résultats très décomposés, très peu harmoniques, d’une série de mélanges, soit noirs et blancs comme, au midi de l’Europe, les Espagnols, les Italiens, les Provençaux ; soit jaunes et blancs comme, dans le nord, les Anglais, les Allemands, les Russes. De sorte que les métis, produits d’un père soi-disant blanc, dont l’essence originelle est déjà si modifiée, ne saurait nullement s’élever à la valeur ethniquement possédée par les Chamites noirs.

Chez ces hommes, l’hymen s’était accompli entre des types également et complètement armés de leur vigueur et de leur originalité propres. Le conflit des deux natures avait pu s’accuser fortement dans leurs fruits et y portait ce caractère de vigueur, source d’excès aujourd’hui impossibles. L’observation de faits contemporains en fournit une preuve concluante :