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excès auront été poussés encore un peu plus loin, et que les esprits rebutés réduiront simplement à rien toutes ces folies. À dater de cette réforme indispensable on enlèvera enfin les haches de silex et les couteaux d’obsidienne aux mains des anthropoïdes de M. le professeur Haeckel, gens qui en font un si mauvais usage.

Ces rêveries, dis-je, passeront d’elles-mêmes. On les voit déjà passer. L’ethnologie a besoin de jeter ses gourmes avant de se trouver sage. Il fut un temps, et il n’est pas loin, où les préjugés contre les mariages consanguins étaient devenus tels qu’il fut question de leur donner la consécration de la loi. Épouser une cousine germaine équivalait à frapper à l’avance tous ses enfants de surdité et d’autres affections héréditaires. Personne ne semblait réfléchir que les générations qui ont précédé la nôtre, fort adonnées aux mariages consanguins, n’ont rien connu des conséquences morbides qu’on prétend leur attribuer ; que les Séleucides, les Ptolémées, les Incas, époux de leurs sœurs, étaient, les uns et les autres, de très bonne santé et d’intelligence fort acceptable, sans parler de leur beauté, généralement hors ligne. Des faits si concluants, si irréfutables, ne pouvaient convaincre personne, parce qu’on prétendait utiliser, bon gré mal gré, les fantaisies d’un libéralisme, qui, n’aimant pas l’exclusivité chapitrale, était contraire à toute pureté du sang, et l’on voulait autant que possible célébrer l’union du nègre et du blanc d’où provient le mulâtre. Ce qu’il fallait démontrer dangereux, inadmissible, c’était une race qui ne s’unissait et ne se perpétuait qu’avec elle-même. Quand on eut suffisamment déraisonné, les expériences tout à fait concluantes du docteur Broca ont rejeté pour toujours un