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Les Chamites arrivèrent ainsi flétris d’avance dans leur destinée et dans leur sang. Pourtant, l’énergie qu’ils avaient empruntée au trésor des forces particulières à la nature blanche ne leur en permit pas moins de fonder plusieurs vastes sociétés. La première dynastie assyrienne, les patriciats des cités de Chanaan, sont les monuments principaux de ces âges éloignés, dont le caractère se trouve, en quelque sorte, résumé dans le nom de Nemrod (1)[1].

Ces grandes conquêtes, ces courageuses et lointaines invasions, ne pouvaient être pacifiques. Elles s’exerçaient aux dépens de peuplades de la variété la plus inepte, mais aussi la plus féroce  : de celle qui appelle davantage l’abus de la contrainte. Naturellement portée à résister à ces étrangers irrésistibles qui venaient la dépouiller, elle leur opposa l’incurable sauvagerie de son essence, et les obligea à ne compter que sur l’emploi incessant de leur vigueur. Elle n’était pas à convertir, puisqu’il lui manquait l’intelligence nécessaire pour être persuadée. Il fallait donc n’en pas espérer une participation réfléchie à l’œuvre civilisatrice, et se contenter de plier ses membres à devenir les machines animées appliquées au labeur social.



sera noir, ni même esclave, mais seulement que Chanaan, c’est-à-dire un des fils de Cham, sera un jour dégradé dans son sang, dans sa noblesse, et réduit à servir ses cousins. — J’ajouterai encore une dernière observation. La postérité de Cham ne s’est pas bornée au seul Chanaan. Le patriarche eut encore trois fils, outre celui-là : Chus, Mesraïm et Phuth (Gen., X, 6), et le texte ne dit nullement qu’ils aient été atteints par la malédiction. N’y a-t-il pas quelque chose de singulier dans un récit qui respecte le vrai coupable et la plus grande partie de sa postérité, pour ne faire tomber les effets vengeurs du crime que sur un seul membre de la famille, Chanaan, sur celui-là même qui se trouva en compétition territoriale et religieuse avec les enfants d’Israël ? Il s’agirait donc ici bien moins d’une question physiologique que d’une haine politique.

(1) M. le colonel Rawlinson pense que Nemrod est un mot collectif, participe passif régulier d’un verbe assyrien, et signifie : ceux qui sont trouvés ou les colons, les premiers possesseurs, c’est-à-dire, ici, les premiers habitants blancs de la basse Chaldée. (Rawlinson, Report of the Royal Asiatic Society, 1852, p. XVII.)

  1. (1) M. le colonel Rawlinson pense que Nemrod est un mot collectif, participe passif régulier d’un verbe assyrien, et signifie : ceux qui sont trouvés ou les colons, les premiers possesseurs, c’est-à-dire, ici, les premiers habitants blancs de la basse Chaldée. (Rawlinson, Report of the Royal Asiatic Society, 1852, p. XVII.)