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respectives, des différences bien tranchées, il est vraisemblable aussi que la physiologie des blancs offrait, dès le principe, une semblable multiplicité de types. Plus tard nous rechercherons les traces de ces divergences. Ne nous occupons ici que des caractères communs.

Le premier examen en met en lumière un bien important : la race blanche ne nous apparaît jamais à l’état rudimentaire où nous voyons les autres. Dès le premier moment, elle se montre relativement cultivée et en possession des principaux éléments d’un état supérieur, qui, développé, plus tard, par ses rameaux multiples, aboutira à des formes diverses de civilisation.

Elle vivait encore réunie dans les pays reculés de l’Asie septentrionale, qu’elle jouissait déjà des enseignements d’une cosmogonie que nous devons supposer savante, puisque les peuples modernes les plus avancés n’en ont pas d’autre, que dis-je ? n’ont que des fragments de cette science antique consacrée par la religion (1)[1]. Outre ces lumières sur les origines du monde, les blancs gardaient le souvenir des premiers ancêtres, tant de ceux qui avaient succédé aux Noachides, que des patriarches antérieurs à la dernière catastrophe cosmique. On serait en droit d’en induire que, sous les trois noms de Sem, de Cham et de Japhet, ils classaient non pas tous nos congénères, mais uniquement les branches de la seule race considérée par eux comme véritablement humaine, c’est-à-dire de la leur. Le mépris profond qu’on leur connut, plus tard, pour les autres espèces en serait une preuve assez forte.

Lorsqu’on a appliqué le nom de Cham, tantôt aux Égyptiens, tantôt aux races noires, on ne l’a fait qu’arbitrairement dans un seul pays, dans des temps relativement récents et par suite

  1. (1) Suivant Ewald, les Sémites reconnaissent, comme leur lieu commun d’origine, le haut pays du nord-est, c’est-à-dire le lieu d’où sortirent les Zoroastriens. Il existe aussi, entre les premiers peuples de l’Asie intérieure et les Arians, des traditions communes qui ont devancé la formation des systèmes idiomatiques respectifs, tels que les quatre âges du monde, les dix ancêtres primitifs, le déluge, etc. (Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 528 ; Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 304)