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conclusions. Les partisans du progrès illimité ne lui ont pas été favorables. Le savant Ewald émettait l’avis que c’était une inspiration des catholiques extrêmes ; l’école positiviste l’a déclaré dangereux. Cependant des écrivains qui ne sont ni catholiques ni positivistes, mais qui possèdent aujourd’hui une grande réputation, en ont fait entrer incognito, sans l’avouer, les principes et même des parties entières dans leurs œuvres et, en somme, Fallmereyer n’a pas eu tort de dire qu’on s’en servait plus souvent et plus largement qu’on n’était disposé à en convenir.

Une des idées maîtresses de cet ouvrage, c’est la grande influence des mélanges ethniques, autrement dit des mariages entre les races diverses. Ce fut la première fois qu’on posa cette observation et qu’en en faisant ressortir les résultats au point de vue social, on présenta cet axiome que tant valait le mélange obtenu, tant valait la variété humaine produit de ce mélange et que les progrès et les reculs des sociétés ne sont autre chose que les effets de ce rapprochement. De là fut tirée la théorie de la sélection devenue si célèbre entre les mains de Darwin et plus encore de ses élèves. Il en est résulté, entre autres, le système de Buckle, et par l’écart considérable que les opinions de ce philosophe présentent avec les miennes, on peut mesurer l’éloignement relatif des routes que savent se frayer deux pensées hostiles parties d’un point commun. Buckle a été interrompu dans son travail par la mort, mais la saveur démocratique de ses sentiments lui a assuré, dans ces temps-ci, un succès que la rigueur de ses déductions ne justifie pas plus que la solidité de ses connaissances.

Darwin et Buckle ont créé ainsi les dérivations