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bien philosophiques que religieux, se déclaraient prêts à réclamer !

Tandis qu’on hésitait, on marchait pourtant ; les découvertes s’accumulaient et leurs voix se haussaient et exigeaient qu’on parlât raison. La géographie racontait ce qui s’étalait à sa vue ; les collections regorgeaient de nouveaux types humains. L’histoire antique mieux étudiée, les secrets asiatiques plus révélés, les traditions américaines devenues accessibles comme elles ne l’étaient pas auparavant, tout proclamait l’importance de la race. Il fallait se décider à entrer dans la question telle qu’elle est.

Sur ces entrefaites, se présenta un physiologiste, M. Pritchard, historien médiocre, théologien plus médiocre encore, qui voulant surtout prouver que toutes les races se valaient, soutint qu’on avait tort d’avoir peur et se donna peur à lui-même. Il se proposa non pas de savoir et de dire la vérité des choses, mais de rassurer la philanthropie. Dans cette intention, il cousut les uns aux autres un certain nombre de faits isolés, observés plus ou moins bien et qui ne demandaient pas mieux que de prouver l’aptitude innée du nègre de Mozambique, et du Malais des îles Mariannes à devenir de fort grands personnages pour peu que l’occasion s’en présentât. M. Pritchard fut néanmoins grandement à estimer par cela seul qu’il toucha réellement à la difficulté. Ce fut, il est vrai, par le petit côté, mais ce fut pourtant et on ne saurait trop lui en savoir gré.

J’écrivis alors le livre dont je présente ici la seconde édition. Depuis qu’il a paru, des discussions nombreuses ont eu lieu à son sujet. Les principes en ont été moins combattus que les applications et surtout que les