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par l’oreille de l’homme, et une idée que son gosier ou sa langue voulait rendre. Dans le dernier siècle, on avait été frappé de cette vérité. Par malheur, l’exagération étymologique, dont on usait alors, s’en empara, et l’on ne tarda pas à se heurter contre des résultats tellement absurdes, qu’une juste impopularité vint les frapper et en faire justice. Pendant longtemps, ce terrain, si follement exploité par ses premiers explorateurs, a effrayé les bons esprits. Maintenant, on y revient, et, en profitant des sévères leçons de l’expérience pour se montrer prudent et retenu, on pourra y recueillir des observations très dignes d’être enregistrées. Sans pousser des remarques, vraies en elles-mêmes, jusqu’au domaine des chimères, on peut admettre, en effet, que le langage primitif a su, autant que possible, profiter des impressions de l’ouïe pour former quelques catégories de mots, et que, dans la création des autres, il a été guidé par le sentiment de rapports mystérieux entre certaines notions de nature abstraite et certains bruits particuliers. C’est ainsi, par exemple, que le son de l’i semble propre à exprimer la dissolution ; celui du w, le vague physique et moral, le vent, les vœux ; celui de l’m, la condition de la maternité[1]. Cette doctrine, contenue dans de très prudentes limites, trouve assez

  1. W. de Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, Einleit., p. XCV : « Man kann hernach eine dreifache Bezeichnung der Begriffe unterscheiden : … 2). Die nicht unmittelbar, sondern in einer dritten, dem Laute und dem Gegenstande gemeinschaftlichen Beschaffenheit nachahmende Bezeichnung. Man Kann diese, obgleich der Begriff des Symbols in der Sprache viel weiter geht, die Symbolische nennen. Sie waehlt für die zu bezeichnenden Gegenstaende Laute aus, welche, theils an sich, theils in Vergleichung mit anderen, für das Ohr einen dem des Gegenstandes auf die Seele aehnlichen Eindruk hervorbringen, wie stehen, staetig, starr, den Eindruck des Festen, das sanskritische li, schmelzen, auseinandergehen, der des Zerfliessenden, nicht, nagen, Neid den des fein und scharf Abschneidenden. Auf diese Weise erhalten aehnliche Eindruck hervorbringender Gegenstaende Wœrter mit vorherrschend gleichen Lauten, wie Wehen, Wind, Wolke, Wirren, Wunsch, in welchen allen die schwankende, unruhige, vor den Sinnen undeutlich durch einandergehende Bewegung durch das aus dem, an sich schon dumpfen und hohlen u verhaertete w ausgedrückt wird. Diese Art der Bezeichnung, die auf einer gewissen Bedeutsamkeit jedes einzelnen Buchstaben und ganzer Gattungen derselben be-