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normal d’une originalité propre, bien que composite ; il n’existe que la confusion et le désordre qui naissent toujours de la combinaison inachevée d’éléments naturellement étrangers l’un à l’autre.

Nous n’avons qu’une très faible connaissance historique des races tertiaires. Ce n’est qu’aux débuts les plus brumeux des chroniques humaines que nous pouvons entrevoir, sur certains points, l’espèce blanche dans cet état qui ne paraît, nulle part, avoir duré longtemps. Les penchants essentiellement civilisateurs de cette race d’élite la poussaient constamment à se mélanger avec les autres peuples. Quant aux deux types jaune et noir, là où on les trouve à cet état tertiaire, ils n’ont pas d’histoire, car ce sont des sauvages (1)[1].

Aux races tertiaires en succèdent d’autres que j’appellerai quartenaires. Elles proviennent de l’hymen de deux grandes variétés. Les Polynésiens nés du mélange du type jaune avec le type noir (2)[2], les mulâtres, produits par les blancs et les noirs, voilà des générations qui appartiennent au type quartenaire.

  1. (1) M. Carus donne son puissant appui à la loi que j’ai établie au sujet de l’aptitude particulière des races civilisatrices à se mélanger, lorsqu’il fait ressortir la variété extrême de l’organisme humain perfectionné et la simplicité des corpuscules microscopiques qui occupent le plus bas degré de l’échelle des êtres. Il tire de cette remarque ingénieuse l’axiome suivant : « Toutes les fois qu’entre les éléments d’un tout organique, il y a la plus grande similitude possible, leur état ne peut être considéré comme l’expression haute et parfaite d’un développement complet. Ce n’est qu’un développement primitif et « élémentaire. » (Ueber die ungl. B. d. versch. Menschheitst f. bœb. geist. Entwick., p. 4.) Ailleurs, il ajoute : « La plus grande diversité, c’est-à-dire inégalité possible des parties, jointe à l’unité la plus complète de l’ensemble, apparaît partout comme la mesure de la plus haute perfection d’un organisme. » C’est, dans l’ordre politique, l’état d’une société où les classes gouvernantes, habilement hiérarchisées, sont strictement distinctes, ethniquement parlant, des classes populaires.
  2. (2) C’est probablement par suite d’une faute de typographie que M. Flourens (Éloge de Blumenbach, p. XI) donne la race polynésienne comme « un mélange de deux autres, la caucasique et la mongolique. » C’est la noire et la mongolique que le savant académicien a certainement voulu dire.