Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’y eut pas besoin de croisements ethniques pour amener ces modifications spéciales ; elles préexistèrent à tous les alliages. C’est vainement qu’on chercherait aujourd’hui à les constater dans l’agglomération métisse qui constitue ce qu’on nomme la race blanche. Cette impossibilité doit exister aussi pour la jaune. Peut-être le type mélanien s’est-il conservé pur quelque part ; du moins, il est certainement resté plus original, et il démontre ainsi, sur le vu même, ce que nous pouvons, pour les deux autres catégories humaines, admettre, non pas d’après le témoignage de nos sens, mais d’après les inductions fournies par l’histoire.

Les nègres ont continué d’offrir différentes variétés originelles, telles que le type prognathe à chevelure laineuse, celui du nègre hindou du Kamaoun et du Dekkhan, celui du Pélagien de la Polynésie. Très certainement des variétés se sont formées entre ces genres au moyen de mélanges, et c’est de là que dérivent, tant pour les noirs que pour les blancs et les jaunes, ce qu’on peut appeler les types tertiaires.

On a relevé un fait bien digne de remarque, dont on prétend se servir aujourd’hui comme d’un critérium sûr pour reconnaître le degré de pureté ethnique d’une population. C’est la ressemblance des visages, des formes, de la constitution et, partant, des gestes et du maintien. Plus une nation serait exempte d’alliage et plus tous ses membres auraient en commun ces similitudes que j’énumère. Plus au contraire elle se serait croisée, et plus on trouverait de différences dans la physionomie, la taille, le port, l’apparence enfin des individualités. Le fait est incontestable, et le parti à en tirer est précieux ; mais ce n’est pas tout à fait celui que l’on pense.

La première observation qui a fait découvrir ce fait, a eu lieu sur des Polynésiens ; or, les Polynésiens ne sont pas une race pure, tant s’en faut, puisqu’ils sont issus de mélanges différemment gradués entre les noirs et les jaunes. La transmission intégrale du type dans les différents individus n’indique donc pas la pureté de la race, mais seulement ceci : que les éléments, plus ou moins nombreux, dont cette race est composée, sont arrivés à se fondre parfaitement ensemble, de