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avec les derniers envahisseurs de la Pannonie. Les Hongrois sont donc des Huns.

Ici se produira sans doute une objection nouvelle. On dira qu’il en résulte seulement pour les Madjars une parenté différente, mais non moins intime avec la race jaune. C’est une erreur. Si la dénomination de Huns est un nom de nation, c’est aussi, historiquement parlant, un mot collectif, et qui ne désigne pas une masse homogène. Dans la foule des tribus enrôlées sous la bannière des ancêtres d’Attila, on a distingué, entre autres, de tout temps, certaines bandes appelées les Huns blancs, où l’élément germanique dominait[1].

À la vérité, le contact avec les groupes jaunes avait altéré la pureté du sang : mais c’est aussi ce que le faciès un peu anguleux et osseux du Madjar confesse avec une remarquable sincérité. La langue est très voisine, dans ses affinités, des dialectes turcs : les Madjars sont donc des Huns blancs, et cette nation, dont on a fait improprement un peuple jaune, parce qu’elle était confondue, par des alliances volontaires ou forcées, avec cette race, se trouve ainsi composée de métis à base germanique. La langue a des racines et une terminologie tout étrangères à leur espèce dominante, absolument comme il en était pour les Scythes jaunes, qui parlaient un dialecte arian[2], et pour les Scandinaves de la Neustrie, gagnés, après quelques

  1. Il semblerait qu’il y a beaucoup à modifier, désormais, dans les opinions reçues au sujet des peuples de l’Asie centrale. Maintenant que l’on ne peut plus nier que le sang des nations jaunes s’y trouve affecté par des mélanges plus ou moins considérables avec celui de peuples blancs, fait dont on ne se doutait pas autrefois, toutes les notions anciennes se trouvent atteintes et sujettes à révision. M. Alexandre de Humboldt fait une remarque très importante, à ce sujet, en parlant des Kirghiz-Kasakes, cités par Ménandre de Byzance et par Constantin Porphyrogénète, et il montre, très justement, que, lorsque le premier de ces écrivains parle d’une concubine kirghize (xerxis), présent du chagan turc Dithouboul à l’ambassadeur Zémarch, envoyé par l’empereur Justin II, en 569, il s’agit d’une fille métisse. C’est le pendant exact des belles filles turques si vantées par les Persans et qui n’avaient pas, plus que celle-là, le type mongol. (Voir Asie centrale, t. I, p. 237 et passim., et t, II, p. 130-131).
  2. Schaffarik, Slawische Alterthümer, t. I, p. 279 et passim.