Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

membres et dans la nature du tempérament. Les Juifs allemands sont, en général, plus petits, et présentent une structure plus grêle que les hommes de race européenne, parmi lesquels ils vivent depuis des siècles. En outre, l’âge de la nubilité est, pour eux, beaucoup plus précoce que pour leurs compatriotes d’une autre race (1)[1].

Voilà, du reste, une assertion diamétralement opposée au sentiment de M. Prichard. Ce physiologiste, dans son zèle à prouver l’unité de l’espèce, cherche à démontrer que l’époque de la puberté, dans les deux sexes, est la même partout et pour toutes les races (2)[2]. Les raisons qu’il met en avant sont tirées de l’Ancien Testament pour les Juifs, et, pour les Arabes, de la loi religieuse du Coran par laquelle l’âge du mariage des femmes est fixé à 15 ans et même à 18, dans l’opinion d’Abou-Hanifah.

Ces deux arguments paraissent fort discutables. D’abord, les témoignages bibliques ne sont guère recevables en cette matière, puisqu’ils émettent souvent des faits en dehors de la marche habituelle des choses, et que, pour en citer un, l’enfantement de Sarah, arrivé dans son extrême vieillesse, et quand Abraham lui-même comptait 100 ans, est un événement sur lequel ne peut s’appuyer un raisonnement ordinaire (3)[3]. Passant à l’opinion et aux prescriptions de la loi musulmane, je remarque que le Coran n’a pas eu uniquement l’intention de constater l’aptitude physique avant d’autoriser le mariage : il a voulu aussi que la femme fût assez avancée d’intelligence et d’éducation pour être en état de comprendre les devoirs d’un état si sérieux. La preuve en est que le Prophète met beaucoup de soin à ordonner, à l’égard des jeunes filles, la continuation de l’enseignement religieux jusqu’à l’époque des noces. À un tel point de vue, il était tout simple que ce moment fût retardé autant que possible, et que le législateur trouvât très important de développer la raison avant de se montrer aussi hâtif, dans

  1. (1) Müller, Handbuch der Physiologie des Menschen, t. II, p. 639.
  2. (2) Prichard, Histoire naturelle de l'homme, t. II, p. 249, et passim.
  3. (3) Gen., XXI, 5.