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les déserts arides de leur pays, mais dans les contrées fertiles, souvent humides, du Malabar et de la côte de Coromandel, dans les îles de la mer des Indes, sur plusieurs points de la côte septentrionale de l’Afrique, où ils sont, à la vérité, plus mélangés que partout ailleurs ; et leur trace se rencontre encore dans quelques parties du Roussillon, du Languedoc et de la plage espagnole, bien que deux siècles, à peu près, se soient écoulés depuis leur invasion, La seule influence des milieux, si elle avait la puissance, comme on le suppose, de faire et de défaire les démarcations organiques, n’aurait pas laissé subsister une telle longévité de types. En changeant de lieux, les descendants de la souche ismaélite auraient également changé de conformation.

Après les Arabes, je citerai les Juifs, plus remarquables encore en cette affaire, parce qu’ils ont émigré dans des climats extrêmement différents, de toute façon, de celui de la Palestine, et qu’ils n’ont pas conservé davantage leur ancien genre de vie. Leur type est pourtant resté semblable à lui-même, n’offrant que des altérations tout à fait insignifiantes, et qui n’ont suffi, sous aucune latitude, dans aucune condition de pays, à altérer le caractère général de la race. Tels on voit les belliqueux Réchabites des déserts arabes, tels nous apparaissent aussi les pacifiques Israélites portugais, français, allemands et polonais. J’ai eu l’occasion d’examiner un homme appartenant à cette dernière catégorie. La coupe de son visage trahissait parfaitement son origine. Ses yeux surtout étaient inoubliables. Cet habitant du Nord, dont les ancêtres directs vivaient, depuis plusieurs générations, dans la neige, semblait avoir été bruni, de la veille, par les rayons du soleil syrien. Ainsi, force est d’admettre que le visage du Sémite a conservé, dans ses traits principaux et vraiment caractéristiques, l’aspect qu’on lui voit sur les peintures égyptiennes exécutées il y a trois ou quatre mille ans et plus ; et cet aspect se retrouve dans les circonstances climatériques les plus multiples, les mieux tranchées, également frappant, également reconnaissable. L’identité des descendants avec les ancêtres ne s’arrête pas aux traits du visage : elle persiste, de même, dans la conformation des