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poivre soigneusement séchés ; puis il a comparé les quantités ainsi contenues. Cet examen lui a fourni le tableau suivant (1)[1] :

Nombres de crânes mesurés Moyenne du chiffre de capacité Maximum du chiffre de capacité Minimum du chiffre de capacité
Peuples blancs 52 87 109 75
Peuples jaunes Mongols 10 83 93 69
Malais 18 81 89 64
Peaux-rouges 147 82 100 60
Nègres 29 78 94 65

Les résultats inscrits dans les deux premières colonnes sont certainement très curieux. En revanche, j’attache peu de prix à ceux des deux dernières ; car pour que la violente perturbation qu’elles semblent apporter dans les observations de la seconde colonne fût réelle, il faudrait, d’abord, que M. Morton eût opéré sur un nombre beaucoup plus considérable de crânes, et, ensuite, qu’il eût spécifié la position sociale des personnes auxquelles les crânes auraient appartenu. Ainsi il a pu avoir d’assez beaux sujets pour les blancs et les Peaux-Rouges : il s’est procuré là des têtes ayant appartenu à des hommes au-dessus du niveau tout à fait vulgaire ; tandis que, pour les noirs, il n’est pas probable qu’il ait eu à sa disposition des crânes de chefs de peuplades, et, pour les jaunes, des têtes de mandarins. C’est ce qui m’explique comment il a pu attribuer le chiffre 100 à un indigène américain, tandis que le Mongol le plus intelligent qu’il ait examiné ne dépasse pas 93, et se laisse ainsi primer par le nègre même, qui atteint 94. De tels résultats sont tout à fait incomplets, fortuits et sans valeur scientifique et, dans de telles questions, on ne saurait éviter avec trop de soin des jugements fondés sur l’examen des individualités.

  1. Ouvrage cité, p. 19.