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dans ces milieux un essor utilitaire proportionné à ses succès de l’autre genre. Au contraire, Rome antique, naturellement utilitaire, n’abonde dans le sens opposé que lorsqu’une fusion complète avec les Grecs, les Africains et les Orientaux, transforme sa première nature et lui crée un tempérament tout nouveau.

Pour les Grecs, le travail intérieur fut encore plus comparable à celui des Hindous.

De l’ensemble de tels faits, je tire cette conclusion, que toute activité humaine, soit intellectuelle, soit morale, prend primitivement sa source dans l’un des deux courants, mâle ou femelle, et que c’est seulement chez les races assez abondamment pourvues d’un de ces deux éléments, sans qu’aucun soit jamais complètement dépourvu de l’autre, que l’état social peut parvenir à un degré satisfaisant de culture, et par conséquent à la civilisation.

Je passe maintenant à d’autres points qui sont encore dignes de remarque.



CHAPITRE IX.

Suite de la définition du mot civilisation ; caractères différents des sociétés humaines ; notre civilisation n’est pas supérieure à celles qui ont existé avant elle.

Lorsqu’une nation, appartenant à la série féminine ou masculine, possède un instinct civilisateur assez fort pour imposer sa loi à des multitudes, assez heureux surtout pour cadrer avec leurs besoins et leurs sentiments en s’emparant de leurs convictions, la culture qui doit en résulter existe de ce moment même. C’est là, pour cet instinct, le plus essentiel, le plus pratique des mérites, et ce qui seulement le rend usuel et peut lui donner la vie ; car les intérêts individuels sont, de leur nature, portés à s’isoler. L’association ne manque jamais de les léser