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très importants, et modifient d’une manière sensible le caractère d’une civilisation en agissant sur sa stabilité.

Je partagerai donc, pour les placer plus particulièrement, mais jamais absolument, qu’on s’en souvienne, sous l’action d’un des courants, tous les peuples en deux classes. À la tête de la catégorie mâle, j’inscrirai les Chinois ; et comme prototype de la classe adverse, je choisirai les Hindous.

À la suite des Chinois, il faudra inscrire la plupart des peuples de l’Italie ancienne, les premiers Romains de la république, les tribus germaniques. Dans le camp contraire, je vois les nations de l’Égypte, celles de l’Assyrie. Elles prennent place derrière les hommes de l’Hindoustan.

En suivant le cours des siècles, on s’aperçoit que presque tous les peuples ont transformé leur civilisation par suite des oscillations des deux principes. Les Chinois du nord, population d’abord presque absolument matérialiste, se sont alliés peu à peu à des tribus d’un autre sang, dans le Yunnan surtout, et ce mélange a rendu leur génie moins exclusivement utilitaire. Si ce développement est resté stationnaire, ou du moins fort lent depuis des siècles, c’est que la masse des populations mâles dépassait de beaucoup le faible appoint de sang contraire qu’elles se sont partagé.

Pour nos groupes européens, l’élément utilitaire qu’apportaient les meilleures des tribus germaniques s’est fortifié sans cesse dans le nord, par l’accession des Celtes et des Slaves. Mais, à mesure que les peuples blancs sont descendus davantage vers le sud, les influences mâles se sont trouvées moins en force, se sont perdues dans un élément trop féminin (il faut faire quelques exceptions comme, par exemple, pour le Piémont et le nord de l’Espagne), et cet élément féminin a triomphé.

Passons maintenant de l’autre côté. Nous voyons les Hindous pourvus à un haut degré du sentiment des choses supernaturelles, et plus méditatifs qu’agissants. Comme leurs plus anciennes conquêtes les ont mis surtout en contact avec des races pourvues d’une organisation de même ordre, le principe mâle n’a pu se développer suffisamment. La civilisation n’a pas pris