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ébranlements, et, descendant la lampe à la main dans les sentiers obscurs de la philosophie et de l’histoire, ils vont demander à l’analyse du cœur humain ou à l’examen attentif des annales le mot d’une énigme qui trouble si fort et les existences et les consciences.

Comme chacun, j’ai ressenti ce que l’agitation des époques modernes inspire de soucieuse curiosité. Mais, en appliquant à en comprendre les mobiles toutes les forces de mon intelligence, j’ai vu l’horizon de mes étonnements, déjà si vaste, s’agrandir encore. Quittant, peu à peu, je l’avoue, l’observation de l’ère actuelle pour celle des périodes précédentes, puis du passé tout entier, j’ai réuni ces fragments divers dans un ensemble immense, et, conduit par l’analogie, je me suis tourné, presque malgré moi, vers la divination de l’avenir le plus lointain. Ce n’a plus été seulement les causes directes de nos tourmentes soi-disant réformatrices qu’il m’a semblé désirable de connaître : j’ai aspiré à découvrir les raisons plus hautes de cette identité des maladies sociales que la connaissance la plus imparfaite des chroniques humaines suffit à faire remarquer dans toutes les nations qui furent jamais, qui sont, comme, selon toute vraisemblance, dans celles qui seront un jour.

Je crus, d’ailleurs, apercevoir, pour de tels travaux des facilités particulières à l’époque présente. Si, par ses agitations, elle pousse à la pratique