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deux cités qui s’arrêtent en face l’une de l’autre ; deux cités véritables  : l’une vient de l’Occident, l’autre est partie de l’Orient ; qu’on s’imagine Samarkand et Smyrne se rencontrant au pied des montagnes qui séparent la Médie de la région du Tigre et de l’Euphrate. De ce côté, sous ces tentes, sous ces barraques, sont des Persans de l’est, des gens du Khorassan, des Afghans, des Turkomans, des Uzbeks, des hommes venus des frontières lointaines de la Chine et même de ces contrées mal connues qui font pénétrer au milieu des provinces du Céleste-Empire les dogmes et les idées de l’Islamisme arabe. De ce côté ci, au contraire, voilà des Persans de l’Ouest, des Osmanlis, des Arméniens, des Yézidys, des Syriens et des hommes de l’Europe lointaine, comme nous les avons déjà vus et comme nous les suivons, depuis le commencement de cette histoire. Dans les deux villes existent des éléments communs, des juifs surtout. Ceux-là viennent aussi bien de Damas et d’Alep que de Bokkara et de Manghishlak. Tel d’entre eux voyage pour vendre et acheter, mais tel autre est un mandataire de la communauté de Jérusalem. Il va recueillir et rapporter aux habitants de la cité sainte les aumônes des fidèles. Il pénètre partout pour recueillir sa moisson. Si, cette année, il va à Téhéran, l’année dernière, il était à Calcutta ; Khiva recevra sa visite plus tard, et partout il est reçu avec respect par ses coreligionnaires. C’est un homme grave, ferme, dur. Il connaît