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leurs, il n’a pas voulu permettre que les muletiers le fussent  !

Là-dessus, Kerbelay-Houssein se mit à rire, et, comme on lui apporta son thé, il en offrit une tasse à Valerio qui accepta.

— Maintenant, poursuivit le brave homme, vous m’avez adressé une autre demande, et comme je l’ai trouvée de beaucoup la plus importante, j’y réponds en dernier. Vous excuserez la liberté avec laquelle je vais vous parler de votre maison ; je sais que les Européens ne sont pas sur ce point-là aussi délicats que nous, et je les approuve, car il y a beaucoup de grimace dans notre prétendue réserve et, en outre, je suis un père de famille ; j’ai quatre filles mariées qui ont des enfants, et je vous parlerai de votre femme comme d’une fille à moi, puisque vous avez eu la confiance de me consulter à propos d’elle.

— Kerbelay-Houssein, vous êtes un digne homme, répliqua Valerio ; je vous écoute avec toute attention et une confiance entière.

— Pour commencer, vous avez eu tort d’emmener votre maison avec vous dans le voyage que vous entreprenez. Je m’imagine assez ce que sont vos femmes ; elles ne ressemblent point aux nôtres ; j’ai vu cela du coin de l’œil dans les villes habitées par des Féringhys. Les nôtres ? On en met deux sur un mulet, une à droite, l’autre à gauche, avec une toile bleue par-dessus et trois ou quatre enfants sur leurs genoux. Elles bavardent